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 We cannot change our memories, but we can change their meaning and the power they have over us ✖ MADDY

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Justin Thomas
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Justin Thomas

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MessageSujet: We cannot change our memories, but we can change their meaning and the power they have over us ✖ MADDY   We cannot change our memories, but we can change their meaning and the power they have over us ✖ MADDY EmptyLun 23 Avr 2012 - 23:05

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“Looking back you realize that a very special person passed briefly through your life. It is not too late to find that person again.”
- Robert Brault.

L’aube apparaissait à peine et de ses premiers rayons, elle effleurait les silhouettes, balayait les ténèbres et les fléaux amenés par la nuit froide. La veille, l’alcool avait coulé à flot, tellement, que tous mes tourments furent arrachés par l’ivresse. Hélas, la sensation était éphémère et au petit matin, ma tête était de feu, et mon cœur de glace. Je ne ressentais plus rien ; plus aucun fourmillement ne traversait mes membres. Plus aucune pensée ne profanait mon esprit. Je me sentais engourdi, allant droit vers un gouffre obscur, m’y perdant, m’y noyant. Mourir une seconde fois. Avachi sur le comptoir, ma main convulsa comme prise d’un frisson terrible ; un verre m’échappa malencontreusement et se brisa en mille morceaux sur le sol. Le bruit criard éveilla certains ivrognes et autres charognards que la lueur orangée de l’orbe enflammée n’avait pas encore effacés. Je basculai du tabouret, repris appui sur mes deux jambes puis essuyai un filet de bave qui dégoulinait de mes lèvres. Ma tête était encore lourde, et d’horribles voix me répétaient sans cesse que je n’étais qu’un raté, qu’un idiot, trop occupé à boire pour se rendre compte que la vie, la vraie, se jouait dehors et non pas dans ce bar que j’aimais tant fréquenter. Moe m’adressa un sourire compatissant alors que je poussai la porte ; la lumière chatoyante m’éblouit et je dus rester durant dix bonnes minutes, l’échine courbée et le regard hagard, vide de toute expression, de toute sensation. L’alcool faisait des ravages. Je le savais plutôt bien maintenant, mais comment pouvais-je m’en passer ? Cette ivresse me rendait badin et me faisait oublier toutes les noirceurs du monde dans lequel je vivais ; j’oubliais le visage de Livia. Son air austère, ses lèvres délicieuses et dangereuses. J’oubliais les saloperies de New Heaven, les conneries de Kassia et les injures de Luke. J’oubliais aussi le pire ; cet homme que j’avais tué pour la protéger. Madelynn. Ce cauchemar m’avait hanté toutes les nuits lorsque j’étais venu à Tree Hill ; d’abord, j’avais vu son visage baignant dans le sang, et ses yeux laiteux, pleurant des larmes pâles comme la mort et riant sournoisement à la fois. Puis les flammes, hautes, couleur des enfers, dévorant tout sur leur passage. Heureusement que j’étais sorti de la grange in-extremis, sinon aujourd’hui, je serais mort, comme ce…Travis. Son nom sonnait comme un blasphème, comme une promesse de malheur. Je baissai la tête ; la lumière m’aveuglait encore beaucoup. Titubant, je tentais de recouvrer mes esprits et la voie pour rentrer chez moi afin de me débarbouiller un peu avant d’entamer une journée chargée à New Heaven. Mes soirées, je les passais toutes ainsi ; à rire, à boire, à forniquer. J’oubliais les conventions, les bienséances, les gens et toutes les conneries qui faisaient que je devais être un gars bien. Je n’en étais pas un finalement. Lentement mais sûrement, j’arpentai les rues baignées par le soleil ; les rayons étaient si forts que durant tout le trajet, je gardai la tête baissée. Cela me rappelait la transformation avortée ; je m’étais senti dépérir ce jour là, lorsque mon sang et mon cœur étaient devenus de glace et que mon âme s’était résorbée de mon corps. Christopher et Bonnie m’avaient redonné une chance de goûter à la vie et je ne comptais pas m’arrêter à une fille ; Livia ne m’intéressait plus. Je la maudissais pour le malheur qu’elle avait apporté dans ma vie, pour les doutes et les craintes qu’elle avait su engendrer en moi. Pour ces rêves dont elle m’avait privé. Je la détestais. Enfin, ces méditations m’invitaient à voir le monde autrement.

Mon souffle se fit plus modéré et petit à petit, je revoyais la couleur des choses. L’alcool ne courait plus dans mes veines et mon cœur n’en décelait plus aucune accord subtil. Plus aucun parfum troublant. Je m’arrêtais quelques secondes devant le centre commercial, sortis mon porte-monnaie et remarquai qu’il ne me restait plus bésef ; qu’importe, j’avais soif, un peu faim aussi. Une gargote joliment achalandée retint mon attention ; des fresques peintes de toutes les couleurs coiffaient sa devanture, quelques moulures dorées complétaient le tableau afin de donner un air plus affirmé et élégant à l’entreprise. Le marchant me paraissait d’une sympathie admirable ; ses traits étaient aussi généreux que sa personne. Il avait d’épaisses moustaches, les cheveux dégarnis et le sourire aux lèvres. Ses yeux bleus riaient aussi ; j’achetai un sandwich chez lui tout en échangeant quelques mots. L’homme était intéressé par mes aventures et s’inquiétait de mon air pâle, maladif, de mes pommettes perçant mes joues. « Un peu fatigué, vous savez ce que ça fait une nuit de bringue ! » Il rit amusé, puis me laissa pour trois fois rien le sandwich, comprenant qu’au fond, il n’y avait pas que les fêtes accumulées qui me rendaient tout chose. M’éloignant de la gargote fumante, j’entrai en plein marché ; observant les fruits briller à tous coin des étales, je m’enivrai de la fraîcheur des épices et des poissons tout droit sortis de l’océan. Cela me rappelait un peu ma vie d’avant ; dans le village dans lequel je vivais tout près de Buffalo, les marchés étaient aussi colorés et vivants que celui-ci. Les clients affluaient aux étales, tandis que les grossistes présentaient avec un engouement admirable leurs nouvelles cargaisons. Les légumes verts luisaient comme du jade, les tomates étincelaient tout comme des rubis tout droit arrachés à la terre nourricière, et les poissons brillaient à l’image de l’argent poli ; sur chacune de leurs écailles, je voyais un éclat irisé né des caresses du soleil. L’orbe doré s’inclinait petit à petit dans les cieux. Le jour était beau. Je me sentais bien. Plus fatigué. Une roulette poussée par un garçonnet passa devant moi ; des fleurs débordaient de chaque coin du chariot. Ces fragrances printanières m’éveillèrent. Apportant une cigarette à mes lèvres, je tirai un coup dessus ; la fumée fut happée par le vent tiède. On se serait cru en été. Je dépassai le marché puis avançai dans la rue, l’œil vif, égaré dans le ciel ; mes souvenirs ranimaient en moi quelques sentiments troubles. Mais je ne voulais plus y penser et aller sérieusement de l’avant. Soudain, quelqu’un me bouscula et fort heureusement, il me restait un peu de force pour tenir droit comme un piquet. Lorsque mon regard se posa sur l’inconnue, je me raidis, toussotai et crachai de la fumée. Ma cigarette échappa à mes lèvres. Maddy. Elle se mit à crier, outrée…Médusée de me voir. « Maddy. » Soufflai-je. Je baissai les yeux ; un sourire s’esquissa sur mes lèvres. Je repensais à tout…Au passé. A Travis. Un frisson me passa le long de la peau.


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Madelynn S. O'Connell
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Madelynn S. O'Connell

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MessageSujet: Re: We cannot change our memories, but we can change their meaning and the power they have over us ✖ MADDY   We cannot change our memories, but we can change their meaning and the power they have over us ✖ MADDY EmptyLun 30 Avr 2012 - 22:14

We cannot change our memories, but we can change their meaning and the power they have over us ✖ MADDY 20fddgj

Doucement, mes yeux s’habituèrent à la lumière du jour. Les faibles rayons de soleil perçaient à travers les tentures de l’unique fenêtre de ma chambre. A l’inverse de nombreuses autres nuits, mon sommeil fut sans rêve. Pas de frère, pas de Justin, pas de forêt. Rien. Personne. Pour une fois, je ne m’étais pas réveillée en hurlant de peur à l’idée que mon frère puisse être de nouveau en vie, qu’il puisse m’avoir retrouvée ici à New Heaven. Je me retournai de l’autre côté de mon lit et enfui la tête sous la couette. C’était dans ce genre de moment que je me sentais en sécurité. Aussi con que cela puisse paraitre, être sous ma couette me rassurait. J’étais comme un petit enfant qui, pour éviter de voir les monstres ramper dans sa chambre, se cachait dans ses draps. Je ne pensai à rien, je faisais le vide dans ma tête. Cependant, faire le vide dans ma tête ne durait jamais très longtemps. Quelque chose finissait toujours par interrompre ce vide. Quelque chose, quelqu’un. Au bout de quelques longues minutes, je me décidai à sortir de mon lit. La veille au soir, je n’avais même pas pris la peine de mettre mon pyjama, je m’étais jetée dans mon lit vêtue de mon jeans et de mon tee-shirt. J’étais trop crevée pour avoir la force de me déshabiller et d’enfiler mon pyjama. J’avais passé la soirée à jouer de la musique, seule. D’habitude, quand j’en jouai, j’étais accompagnée de Jasper. Notre duo était très apprécié à l’université. Seulement, vu ce qu’il s’était passé lors de notre dernière rencontre, jouer de nouveau avec lui n’était pas une bonne idée. Nous nous étions disputés et je ne l’avais plus revu depuis. En même temps, je ne cherchai pas à le revoir. Je commençai doucement à croire que je n’étais pas du tout faite pour m’entendre avec un mec, quel qu’il soit. Ceux à qui je tiens un tant soit peu finissent toujours par s’éloigner, partir. Peut-être que je recevrai le livre « Les garçons pour les Nuls » le jour de mon anniversaire à force. Mes pieds foulèrent le sol de ma chambre et je me mis en quête de trouver des vêtements potables afin de me changer. Depuis mon arrivée à New Heaven et mon installation, je n’avais pris que des mauvaises habitudes en ce qui concerne le rangement et le ménage. Je rentrai parfois assez tard, si bien que la pile de vaisselle dans l’évier commençait à devenir inquiétante. Les vêtements choisis, je me rendis dans la salle de bain et me fis couler une bonne douche. Le contact de l’eau sur ma peau m’apaisait, me faisait un bien fou. Tout en me savonnant, je réfléchissais à ce que j’allai faire de ma journée. J’avais une très nette envie de me rendre au centre commercial afin d’y faire un peu de shopping. Seule bien évidemment. Je m’étais renseignée auprès Andrea hier, mais cette dernière avait quelque chose de prévu en ce jour.

Je déjeunai rapidement. Je n’avais jamais eu grand appétit le matin. Généralement, je me contentai d’une simple biscotte et d’un jus d’orange. Je pouvais imaginer ma mère me dire : « Tu dois manger plus Madelynne. Ce n’est pas bon pour ta santé ce que tu fais là. Il te faut des forces. » Si seulement elle savait. Si seulement elle savait que j’avais fait des choses bien pires que de manger une biscotte… Si seulement elle était encore de son monde. Ainsi que mon père. Ma gorge se noue tandis que je repense à mes parents. Penser à eux n’était pas une bonne idée. À coup sûr, j’allai verser une larme dans quelques minutes. J’avais parfaitement conscience que ce passé, mon passé, me poursuivrait à jamais. Le pire dans tout ça, c’était que je n’avais personne à qui en parler. Une histoire comme la mienne, il vaut mieux la garder pour soi. Il n’y avait qu’une seule personne à qui j’aurai pu me confier. Or, cette personne n’était pas là. Cette personne avait fui, elle m’avait abandonnée. Chassant de ma tête ces pensées et souvenirs sinistres, je sortis de chez moi et marchai tranquillement en direction du centre. J’étais nettement surprise de voir qu’à cette heure matinale, de nombreuses personnes se promenaient déjà dans les rues. Certaines se rendaient à leur travail, d’autres sortaient pour le plaisir de voir le soleil. J’observai ces gens, j’observai leurs visages dans l’espoir de tomber sur une vague connaissance, mais en vain. Avant d’atteindre le centre commercial, il fallait passer par le marché. Petite, je me rendais souvent sur le marché de mon village d’enfance avec mes parents et mon frère. Une nouvelle fois, ma gorge se noue. Décidément, cette journée n’allait pas être de tout repos. Je m’arrêtai devant une étale qui attirait mon attention. Sur cette étale étaient disposés de nombreux fruits : pommes, poires, oranges… Rien qu’à regarder ces fruits, j’en avais l’eau à la bouche. Cédant à la faim, je sortis ma monnaie et achetai deux belles pommes à l’aspect appétissant. Le vendeur les plaça dans un petit sac plastique et me le donna. Un sourire aux lèvres, je continuai ma route tranquillement. J’allai me décider à en manger une lorsque je percutai quelqu’un de plein fouet. Voilà ce qui arrive quand on ne regarde pas devant soi. Je relevai les yeux pour découvrir l’identité de la personne avec qui j’étais entrée en collision et ma bouche s’ouvrit toute seule. Etonnée, je n’arrivai pas à croire que Justin Thomas se tenait devant moi. Justin. Des souvenirs affluaient dans ma tête sans prévenir. Très vite, mon étonnement fit place à la colère. « Je peux savoir ce que tu fais ici Justin ? ! Tu … Tu pars sans prévenir d’un coup, tu disparais de ma vie et tu réapparais comme ça … » Ma voix tremble. Je tente de maitriser le ton de ma voix afin d’éviter de devenir le centre d’attention de ce marché. Je le vois baisser la tête et je continue de plus belle. « Pourquoi tu n’as pas donné de nouvelles depuis tout ce temps hein ? Tu saurais me le dire ?! » L’envie de lui donner une claque en cet instant précis me démange, mais je me retiens. J’ai plein de questions à lui poser, des questions sans réponses. Des réponses que j’espère bien obtenir maintenant qu’il est là, face à moi.
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MessageSujet: Re: We cannot change our memories, but we can change their meaning and the power they have over us ✖ MADDY   We cannot change our memories, but we can change their meaning and the power they have over us ✖ MADDY EmptyJeu 3 Mai 2012 - 18:29

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Me retrouver face à Madelynn avait eu un peu le même effet qu’un choc électrique ; c’était tout aussi fort et décapant. La blonde me semblait inchangée, bien qu’un peu maigrie au niveau du visage, par la fatigue ou le remord sans doute. Elle me détaillait comme si j’avais été le pire des monstres, un genre d’animal horrible, grand de monstruosité et de félonie. Elle était dédaigneuse et hargneuse comme une vieille harpie, aigrie par l’abstinence et le silence. Je ne pouvais pas supporter son regard, ni même son allure à mon encontre. Pour quoi se prenait-elle ? Je n’étais pas n’importe qui. Je n’étais pas un monstre en tout cas. Elle me devait un tant soi peu de respect. Et un sourire ne serait probablement pas de refus afin d’illuminer ma journée. Je rêvais, malheureusement, les choses étaient d’un bien mauvais augure. Noires, froides, un brin maculées par le sang de cet enfoiré que nous avions tous les deux tué, et que dont nous avions jusqu’à présent, les marques ancrées sur les membres, lorsqu’il nous avait maltraité. C’était un type sournois, un enfoiré de première, le genre de mec sur lequel on a envie de tirer et de cracher. Malgré son air rebutant, sa face écrasée et ses yeux de lynx perfide, je regrettais…Sa mort m’était restée comme un grand poids sur la conscience. J’avais été vraiment con de penser une seconde qu’en m’enfuyant, qu’en lâchant tout, son fantôme n’allait pas me hanter les soirs de pleine lune. Une belle connerie. Je fixai à mon tour Madelynn, la teigneuse me crachant au visage des mots d’une violence inouïe. Elle, je l’avais vue grandir, devenir une petite femme, j’avais même contribué à l’œuvre, aux molures ; mes mains en avaient galbé chaque courbe. Chaque ligne tantôt fluette que j’avais affirmée d’un doigté habile. Et voilà le résultat ; elle me considérait comme un moins que rien, un personnage fait d’haillons et de vulgarité, un genre de type louche et pervers auquel on ne devait accorder aucun intérêt. Bien sûr, la déception était grande, la vexation encore plus, mais je n’étais pas le genre de gars à fléchir devant une donzelle de son genre. Madelynn était rien à mes yeux. Juste un passe temps. Juste une erreur…Juste un souvenir que le vent glacé s’engouffrant dans la ruelle venait arracher. De ma mémoire et sur mes lèvres, plus aucune brûlure délectable ne restait. Plus aucun souffle, ni même le parfum de miel dans ses cheveux. Rien. Juste une aigre sensation agitant mon cœur, le réduisant en miettes. «Quoi ? J’ai pas l’droit de me promener ? » Je souris puis aspirai une dernière bouffée de ma cigarette, dont les cendres flamboyaient d’un argent absolu. « T’as vu c’est de la magie ! Pouf je suis là, pouf je disparais. Classe non ? » Je la toisai d’un regard noir de mépris. Un sourire se joignit à mes lèvres, plein d’ironie, de méchanceté. Elle m’exécrait ; son air nonchalant, sa tenue légèrement défaite, ses mèches dorées ratiboisées par la bourraque furieuse, ses lèvres pulpeuses où s’imprimaient des mots aussi tranchants que des lames. Elle m’agaçait. « Franchement, j’ai pas à me justifier devant toi. Et puis toi aussi t’es là depuis longtemps je crois bien non ? On dit que tu traines avec ce blanc bec d’Hale !» Etait-ce de la jalousie qui me faisait réagir ainsi ? Je n’aimais pas voir mes ex aux bras d’autres types, naturellement, mais encore moins lorsque celles-ci étaient aussi importantes que Madelynn, qu’une part de mon passé et de mes secrets leur avait été totalement dédiée. « Et pourquoi pas ? J’ai pas que ça à foutre de t’appeler. » Je ricanai, hautain à souhait. Je n’avais jamais eu un tel comportement avec les gens, et pas même avec elle, mais c’était un moyen pour moi de me protéger, de laisser cette carapace me couvrir tout entier, en cachant secrètement mon cœur blessé et ensanglanté, tout au fond de sa cuirasse protectrice. « Et puis, c’est bon, ferme-la ! Tu n’as rien à me dire, moi non plus. Et je ne te dois rien, et toi non plus ! Ciao !».

Ses mots m’avaient littéralement transperçé encore plus profondément ; j’en avais les chairs meurtries. Je sentais tout ce sang m’échapper. La cigarette aussi me tomba des doigts alors qu’elle enchainait en empruntant ce même ton, si sûre d’elle et tellement convaincue par la véracité de ses propos. A ses yeux, j’étais vraiment un bel enfoiré, ni plus, ni moins. Un lâche. Un traitre. Oubliait-elle ce que j’avais fait pour elle ? En voulant la protéger ce Travis ? Toute parole me paraissait vaine ; mes lèvres semblaient cousues, enflammées à cause d’elle. Je n’étais pas un sensible, et encore moins quelqu’un que l’on peut blesser facilement, mais elle, juste à travers quelques paroles et un regard vif, elle m’avait transpercé tout entier. La lame s’était enfouie dans mon cœur, arrachant une à une les veines ; ce sang noir et corrompu se répandait jusqu’à mon cerveau, jusqu’à mes poumons. Je me sentais mourir. Elle me tuait. Elle m’avait tué ! Je manquai de peu à vaciller, les jambes lourdes, le corps entier déclinant sous une force invisible. La cigarette était à terre et je dus l’écraser d’un geste rageur du talon afin de me réveiller ; quelques étincelles chatoyèrent le long de la dalle grisonnante. Je les observai en me remémorant les paroles ou devrais-je dire les blâmes de Maddy ; « J’ai pas envie de te causer. Oui je suis ici, et oui j’ai pas donné de nouvelles. C’est pas plus mal ! Avec ou sans moi, tu devais continuer. On a plus rien à voir ensemble. Je ne veux plus penser au passé. Et le fait de te voir m’emplit de dégoût car je repense à tout…Absolument tout ! » Telle une rengaine, ces mots se répétaient, lentement, puis plus rapidement, un à un et deux par deux. Encore une fois et une dernière avant que je ne prenne enfin appui dos contre le mur de briques d’un rouge incandescent, cherchant du regard quelque chose ou quelqu’un qui puisse m’aider dans ma fuite. Je baissai la tête, tantôt détaillant la couleur brillante de mes converses, tantôt, admirant les rayures sur les dalles. Je ne savais pas quoi répondre. Je n’avais pas la force. Je voulais foutre le camp, la gifler et après ne plus jamais jamais la revoir ! Je la détestais. Je repensais à tout…Travis, mes parents, sa venue chez nous. Les malheurs. Les filles. Tous les vices. J’avais l’impression d’avoir les mains maculées de sang. J’étais coupable. J’avais tué quelqu’un, pour elle. Mais ça, visiblement, elle l’oubliait. Il fallait que je me ressaisisse. Me redressant, je balançai d’un geste furieux la cigarette et l’écrasai d’un coup de talon. « J’me casse. Ciao. » Je n’ajoutai rien. Je fuyais encore lâchement…Le passé devait rester enterré. Il me faisait trop peur. C’était d’ailleurs la seule chose qui m’effrayait ; Maddy aussi.


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MessageSujet: Re: We cannot change our memories, but we can change their meaning and the power they have over us ✖ MADDY   We cannot change our memories, but we can change their meaning and the power they have over us ✖ MADDY EmptyLun 7 Mai 2012 - 21:59

Me retrouver face à Justin n’était pas quelque chose que j’avais prévu. Enfin, oui j’avais longuement pensé à ce jour où je le verrai à nouveau, j’avais réfléchi à ce que je lui dirai. J’avais tout imaginé dans ma tête, dans mes rêves. Parfois, je m’imaginai qu’on se croisait par hasard dans la rue, on se voyait, on s’offrait un large sourire et on finissait dans les bras l’un de l’autre. Nulle parole blessante, nulle critique, nulle question. Rien. On profitait juste de l’instant présent. Certains de mes rêves ressemblaient à ça. En cet instant, ce n’était aucunement mon rêve qui se produisait sous mes yeux. Nous ne nous étions pas jetés dans les bras l’un de l’autre. Pas d’embrassade, rien. Justin ne semblait pas avoir changé. Il avait toujours ce visage avec des fins traits, des cheveux d’un noir de jais en broussaille. Pourtant ravie de le revoir –enfin-, je ne souriais pas. La seule chose à laquelle je pensai pour l’instant, c’était pourquoi. J’avais souffert de son absence. Terriblement souffert. A son départ, à sa « fuite », j’étais seule, perdue. Même ses parents n’arrivaient pas à combler ce vide. Personne n’y était arrivé. Combler un vide, c’est dur. Surtout quand la personne qui l’avait laissé s’appelait Justin. Je ne voyais que les points positifs de notre histoire, de notre passé. Les mauvais souvenirs, je tentai tant bien que mal de ne pas y penser. De la journée au moins. La nuit, ce n’était pas à moi à décider. Chaque semaine, il m’arrivait de faire un cauchemar. Un cauchemar dans lequel je revivais tout. Mes parents, Travis mon frère, la forêt, ce mystérieux inconnu, Justin, la fourche, le sang, Travis mort. Chaque détail me revenait, me sautait à la figure dans mon sommeil. Lorsque je me réveillai, j’étais en nage, tremblante de peur. Je ne détachai pas mon regard de Justin. J’étais loin d’être sympathique avec lui. Je lui avais craché aux visages ces questions, honteuse de ne jamais avoir eu de nouvelles. Avec ce que nous avions vécu, j’espérai avoir au moins des nouvelles de temps en temps, mais ce ne fut jamais le cas. N’était-ce pas normal ? Nous avions fait quelque chose de terrible. Du moins, Justin m’y avait aidée. Il avait contribué à la mort de Travis, mon frère. Pour tous ceux que je connaissais à présent, je n’avais jamais eu de frère, j’étais fille unique. J’avais raillé une partie de mon enfance comme on raille un ex-petit ami de sa vie. Ca pouvait paraitre simple au premier abord, mais c’était loin de l’être. Rien n’est simple dans la vie. C’est dur de se lever, d’affronter la vie comme si de rien n’était chaque matin. On ne se rend jamais compte de ce que peut provoquer l’impact de nos actes autour de nous. On doit assumer nos bêtises, nos conneries seuls. Mais dans mon cas, c’était à deux qu’il fallait le faire. Or, j’avais été seule. Il souriait et tira une bouchée sur sa cigarette, la fumée m’arrivant en pleine figure. « Oui, très classe comme tu dis. T’es doué pour ça façon. Disparaitre d’un coup, comme par magie… » Ironie Justin. Tu l’avais toujours bien utilisée cette ironie. Son regard noir ne me désarçonna que très peu. Je devais m’y attendre de toute façon. Il me reprochait des choses. Le fait que moi aussi j’étais à New Heaven depuis un bon bout de temps. Devais-je me justifier ? Pour moi, c’était à lui de s’expliquer. Je n’avais pas fui le domicile familial des Thomas en premier pour ne jamais revenir contrairement à lui. Je fus quelque peu désarçonnée lorsqu’il cita Jasper. « Je ne vois pas ce que Jasper vient faire dans cette histoire. Et quand bien même je trainerais avec lui, ce ne sont nullement tes affaires Justin. » J’étais agacée. Agacée par le ton qu’il avait employé en parlant de Jasper. Il n’avait pas l’air de le porter dans son cœur, tout comme Kacey. Chose que je ne comprenais pas vraiment. Il pouvait paraitre parfois étrange d'accord, mais de là à me conseille de me méfier de lui, d’arrêter de le fréquenter autant … De toute manière, ces derniers jours, Kacey devait être ravie : on ne se parlait plus, on ne se voyait plus. « Oh tu n’avais pas que ça à faire ? Ah c’est vrai, ramener la première fille qui te passait sous le nez dans ton lit devait être vachement plus intéressant. »

Les paroles de Justin me blessaient au fur et à mesure. Jamais je n’aurai imaginé qu’il avait pu emmagasiner autant de haine à mon égard. Qu’avais-je fait pour mériter ça ? J’avais une petite idée derrière la question, mais je me refusai à l’admettre. M’en voulait-il pour ce qu’il s’était passé avant ? Pour notre passé en commun ? « Tu ne me dois rien ? Attends un peu ! Si je n’avais pas été avec toi ce jour-là, tu penses que tu t’en serais sorti indemne ? J’en doute. » Sans lui, sans moi, serait-on encore en vie ? On avait tous les deux participé au meurtre de mon frère. Il m’avait protégée du mieux qu’il pouvait et j’avais mis fin à ce cauchemar d’un coup de faux. La cigarette de Justin faillit tomber à terre. Sans toi, je devais continuer. Avec ou sans lui. Cela semblait être si facile à entendre dans la bouche de Justin. Après tout, il avait réussi. Moi, dans un certain sens oui, mais difficilement. Très difficilement. Et maintenant qu’il était là, à portée de main, je devais à nouveau continuer ma vie, ma route ? Cela n’avait aucun intérêt. Ne dit-on pas que l’on est plus fort à deux pour affronter les problèmes ? Je le dégoutai. Entièrement. Ma vue ravivait en lui les souvenirs douloureux du passé. Entendre ses mots me dégoutait tout autant. A le voir là, appuyé contre le mur, tête baissée, je lui donnerai l’aumône sans hésiter. On aurait dit quelqu’un de complètement perdu, paumé. « Tu n’arriveras jamais à ne plus y penser. Même en ne m’adressant plus un seul regard, même en m’ignorant. Le passé sera toujours là, quelque part, encré dans ta tête. » Je prononçais ceci dans un souffle, un souffle léger. On n’oublie rien. Jamais. On ne peut faire que vivre avec nos souffrances, notre passé. Je jouais avec le sachet qui contenait les pommes. Je le faisais aller doucement de gauche à droite, comme un pendule. Je comptais les secondes mentalement. Plus les secondes passaient plus j’avais l’impression qu’un gouffre énorme s’était creusé entre Justin et moi. Un gouffre qui avait commencé en cette terrible journée de notre passé et qui n’avait fait que grandir au grès des années. La cigarette tomba à terre et je sentis Justin me frôler. Il partait. Il fuyait de nouveau. Comme dans le passé. Ma colère augmenta une nouvelle fois. Je me retournai et le poursuivi, le rejoignant en grandes enjambées. « Ca ne sert à rien de fuir, tu en es conscient ? Ca ne changera rien. » Quelque chose me vint alors à l’esprit. Une chose à laquelle je n’avais encore jamais pensé. Peut-être l’idée était-elle ridicule. Néanmoins, je me risquai à en parler, quitte à en payer les conséquences. « Tu regrettes ? Est-ce tu regrettes ce que tu as fait ? Regrettes-tu de m’avoir sauvée ? De m’avoir protégée ? » Ne dit pas non, je t’en supplie …
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Justin Thomas
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Justin Thomas

Masculin
▌MESSAGES : 3894
▌LOCALISATION : Appartement sur Tree Hill
▌JOB : Etudiant en Cinéma.
▌EN CE MOMENT : Bosse sur son projet de fin d'année.
▌JUKE-BOX : Skrillex Ft. The Doors - Breakn' a Sweat
▌AVATAR PRIS : Tom Sturridge

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MessageSujet: Re: We cannot change our memories, but we can change their meaning and the power they have over us ✖ MADDY   We cannot change our memories, but we can change their meaning and the power they have over us ✖ MADDY EmptyMer 9 Mai 2012 - 19:40

We cannot change our memories, but we can change their meaning and the power they have over us ✖ MADDY Tumblr_lre31r4L0S1qbzdxyo1_250We cannot change our memories, but we can change their meaning and the power they have over us ✖ MADDY Tumblr_lre31r4L0S1qbzdxyo3_250
“Looking back you realize that a very special person passed briefly through your life. It is not too late to find that person again.”
- Robert Brault.

La rencontre avait été brutale, imprévisible, fortuite ; face à elle, je baissai le regard, sentant petit à petit, des îlots de souvenirs remonter à la surface de mon esprit. Toutes les îles terreuses étaient comme des voies sans issues, impraticables ; à chaque fois que j’essayais de m’avancer dessus, je m’embourbai. Me noyai. Là, je revivais exactement la même chose en voyant tout de ce passé secret que je gardai jalousement pour moi ; voir Maddy, c’était comme voir le spectre pâle de Travis, projeté dans la lumière de son regard. Ils avaient les mêmes yeux. Ces yeux très clairs, très vifs, presque vitreux, un tantinet tendre, bleus. Je ne pouvais pas la regarder en face. La jeune fille se balança entièrement, de droite à gauche tout en me fixant de ses prunelles enflammées ; elle m’en voulait. Sa question demeura en moi comme le son du glas funèbre, retentissant, criard, teinté par les larmes et l’obscurité ; je me sentais mal. Un peu nauséeux. J’avais l’impression d’avoir les mains maculées par le sang de Travis. Un frisson me foudroya de la tête aux pieds. Il m’était cependant impossible de montrer ma faiblesse et ma peur grandissante à Madelynn ; je lui avais toujours montré ma puissance, mon arrogance et ma flegme ; il ne fallait pas que cela change. Le vent apportait les parfums épicés du marché ; l’odeur des herbes fraichement coupées, des tomates encore rouges et juteuses, et des fruits de saison que l’on voyait luire comme des pierres précieuses sur les étales. Je regardai hasardeusement les passants aller et venir le long des petites ruelles pavées ; le soleil nous couvrit de ses rayons les plus vifs. Dorant la chevelure frissonnante de Madelynn sur ses épaules. Elle me regardait avec insistance, cherchant sans doute dans le vert de mes yeux, une réponse. Une lueur d’espoir, de vérité. Mais je ne me sentais pas la force de tout lui dire. De me confier à elle. L’éviter, c’était nier le passé. Ne plus se souvenir de ce drame horrible qui avait marqué d’un trait d’encre ensanglanté mon existence. Ma jeunesse oubliée. Il me vint un moyen de me défaire de son emprise en l’attaquant avec nonchalance et mépris, l’œil noirci de ce même sentiment qui agitait mon pouls avec rage ; parler de Jasper Hale. Ce type. Ce je ne sais quoi. Je ne pouvais vraiment pas l’encadrer ! Non pas du fait qu’il soit si proche de Maddy..Quoique si naturellement cela me dérangeait car j’étais plutôt possessif avec les gens auxquels je tenais réellement mais surtout du fait qu’il y avait quelque chose chez lui que je ne pouvais pas supporter. Ses manières, son silence. Son regard. Il était très protecteur avec sa nièce Livia. Il n’aimait pas me voir avec elle. A l’époque où je la fréquentais. Bien des choses qui faisaient que mon amitié pour Jasper Hale était quasi-inexistante. « C’est vrai. Mais bon, faut qu’on parle de lui bientôt. C’est pas un mec bien, reste pas avec lui. » Je lui adressai un regard sincère ; il était un monstre, comme Livia. Elle ne devait pas fréquenter les gens de cette espèce. A cause d’eux, j’avais connu la mort, je l’avais approchée de près, j’avais goûté à son baiser funeste, ardent. Face aux remontrances de la jeune fille, et face à ce qui faisait notre passé, nos secrets et nos peurs, je décidai de fuir ; l’acte était lâche, mais qu’importe. Je ne voulais pas rester une seconde de plus dans cette ruelle teintées d’ombres et du fantôme de Travis traduit en la personne de sa sœur, Madelynn. D’un geste habile, je la contournai ; à vives enjambées, je m’enfonçai dans le petit marché où les vendeurs ambulaient vantaient avec une assurance démesurée la qualité présumée de leurs marchandises. Des cagots de fruits brillaient au soleil. Les passants observaient, les yeux scintillant certaines gargotes qui proposaient des mets à emporter ; quelques unes fumantes, sentaient les épices, le sel, la bonne bouffe. Mon estomac était trop noué pour crier famine. Je dépassai une nouvelle allée où fleurissaient les devantures d’enseignes plus distinguées avant d’atteindre un autre pan du marché ; celui des fleuristes et des jardiniers. Un espace jonché en son cœur par un grand café, à la terrasse imposante, noyée par les éclats du soleil doré. Soudain, elle me rattrapa. Sa main prit appui son mon épaule pour m’arrêter. J’eus un mouvement de recul. Le dégoût s’insinua le long de mon visage pâle. « Ferme la Maddy. Qu’est-ce que t’en sais d’abord ? Et ouais. Je ramène des filles. C’est mieux que se coltiner des connes de ton genre. Casse toi maintenant. » Décrétai-je en lui désignant d’un geste habile de la main une des différentes ruelles qu’elle pouvait emprunter pour me fuir, m’éviter, et m’oublier. Mais la jeune fille était têtue, bornée et surtout bien décidée à me gâcher la matinée ; l’alcool courait dans mes veines et me rendait encore stone. Je soupirai. « Quoi, tu veux te la jouer héroïne tragique ? C’est ça ? Tu te félicites de m’avoir sauvé et d’avoir butté avec moi ton frère. Bravo ! » Un sourire teinté d’ironie joua le long de mes lèvres alors que la blonde croisait les bras sur sa poitrine, les cheveux errant derrière ses épaules frêles et frémissantes. « J’ai pas envie de te causer. Pas envie de penser à l’autre bouffon et pas envie de..Laisse moi quoi ! » J’étais crû. Je l’avais toujours été. Je n’avais pas peur des mots, et pas peur de les dire comme je le pensais. Madelynn me posa la question. La fatale. La tuante. Je voulais foutre le camp, la gifler et après ne plus jamais jamais la revoir ! Je la détestais. Elle n’était qu’une petite trainée ingrate. Une moins que rien. J’aurais dû laisser ce fils de pute la descendre, c’aurait été pas plus mal. J’aurais dû dire à ma mère que cette gamine méritait qu’on la foute chez les orphelins. J’aurais dû ne jamais l’aimer. Mon regard devint de vitre, mais aucune larme ne sortait ; elles étaient là, me brûlant la gorge dans leur acidité salée. « Qu’est-ce que tu fous là au juste ? Chantage ? Tu mets tout sur mon dos, t’essaye de faire quoi ? Explique moi Madelynn ! » Je ne l’appelais jamais par son prénom entier, je la surnommais toujours Maddy, mais pas cette fois ; c’était fini. « C’est finalement ce que tu penses ? Tu regrettes de m’avoir sauvé ? C’est ça que tu veux dire ? Hein ? Je n’ai jamais dit que j’étais le meilleur voire même le Sauveur. J’étais juste un espèce de gamin effrayé qui voulait sauver la fille qu’il aimait. Ouais, voilà ce que j’étais. » Dis-je d’un ton détaché. « Mais je veux fuir ! C’est ce que je fais depuis que j’ai tout quitté, que je t’ai quittée ! Je ne fais que ça ! Laisse-moi continuer. » Un prodigieux moment d’absence m’arracha à la vie, alors que je continuai haleter, le regard vide, accroché à un point de l’invisible. « Ca a le mérite d’être clair. C’est bien, c’est bien. Mais je ne veux pas de fatalité ou de pessimisme. Moi je veux avoir une belle vie ! Je ne veux plus penser à ça. Ni à tout ce qui s’en rapproche de près ou de loin. »

Je n’ajoutai rien. Aucun mot ne me venait. Je ne ressentais plus l’envie de m’adresser à elle ou même de la considérer comme ayant été une personne importante dans ma vie. Je savais que ce genre de retrouvailles allaient se passer de la sorte, mais j’avais toujours eu en moi, un espoir secret que les choses ne s’avèrent être de meilleure teneur. Que les couleurs soient conservées, que le soleil se montre plus radieux, que les cieux soient entièrement chatoyants et qu’enfin, nous puissions nous projeter vers un avenir plus serein, un chemin moins broussailleux et moins obscur que celui sur lequel nous nous étions définitivement égarés. «Quelque part, ouais. Mais pour l’instant, il est loin et c’est mieux ainsi !» Ajoutai-je complètement indifférent. Ces paroles piquantes restaient à cet instant, le seul leitmotiv que j’avais à l’esprit ainsi que son regard si clair, qui s’était obscurci à mon contact. Elle me détestait ? Peut-être. Sûrement. En tout cas, elle m’en voulait. Je ne pouvais rien faire contre cela, je ne voulais rien faire. « Qu’est-ce que ça peut te foutre ? Ce qui est fait, est fait! Et puis, c’est pas moi le vrai sauveur, n’est-ce pas ? C’est plutôt toi qui m’a sauvé je te signale. Ca fait quoi ? Tu regrettes ?» La repris-je avec ironie. Le sarcasme était la dernière arme qui me restait ; Madelynn m’avait trop atteint de ses mots tranchants comme des lames. Je me sentais encore faible, mourant. Mais je ne voulais pas qu’elle gagne la joute par avance. Il me restait un dernier coup à tirer. Ensuite, je foutrai le camp une bonne fois pour toutes. « Je ne regrette rien. Sauf le fait d’avoir tué un homme. Vois-tu pour ta gouverne, ce petit enfoiré de Travis me hante encore, tout comme toi. Vous êtes deux fantômes du même genre, des êtres sournois qui vous croyez être victimes alors que vous êtes des monstres tous les deux. Finalement, ma mère a été trop bonne avec toi, on aurait dû t’abandonner dans un orphelinat miteux, et puis, surtout, j’aurais dû partir avec la fille ce jour-là et te laisser seule avec ce tueur. Il t’aurait dégommée, j’aurais un peu pleuré, mais après quoi ? On t’aurait enterrée dans un cimetière pour bâtards dans ton genre et puis c’est tout. Je serais passé à autre chose, j’aurais connu d’autres filles. D’ailleurs, malgré cette histoire, je vis plutôt bien. Je suis le chef d’une confrérie à NH, j’ai beaucoup de bons potes, je bois, je m’amuse, je joue aux cartes, je joue avec les filles aussi et je m’en fais une qui est extrêmement belle. Toi devant…Sans commentaires. Tu sais qui est cette fille ? C’est la nièce de Jasper. Moi je te dis simplement de te méfier de l’eau qui dort.» Je ricanai. Elle parut surprise, attristée par mes mots tranchants, mais je me vengeais. Je tenais là vraiment le moyen de la blesser à mon tour ! « Ce que je regrette c’est qu’à cause de cette affaire, je ne peux m’empêcher d’accorder une pensée à ce chien. En me disant que j’ai fait quelque chose de mal. De très mal ! J’en ai fait des choses dont je ne suis pas fier, mais celle-là, c’est le summum ! C’est ça que je regrette surtout. D’avoir tué quelqu’un. Après je ne sais pas… » Etais-je sincère ? Mentais-je ? Bien sûr que je ne regrettais pas de l’avoir sauvée, mais ce qui me restait en arrière goût, était plus le fait d’avoir tué un homme. D’avoir participé à un meurtre, d’avoir vu des flammes consumer un corps sans dire mot. Un frisson me prit brusquement. Je sortis avec mes doigts tremblants, une cigarette et l’apportait à mes lèvres. Les fumées enfouirent mon visage rougi par la rage sous leurs voiles opaques. Je ne voulais plus la revoir, ni même qu’elle ne puisse me voir dans un tel état de faiblesse. Mes yeux me piquaient. Je m’écartai d’elle et repris ma marche, indifférent, l’air de rien et fabuleusement je-m’en-foutiste.



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