La pensée malsaine que je n'aurais pas dû venir ici s'insinua dans mon esprit. C'était une mauvaise idée. Hazel me connaissait trop bien, elle allait savoir que je lui cachais quelque chose. J'étais profondément choquée. Le fait qu'elle sache l'existence de mes semblables me faisait peur. Serait-elle, malgré nos nombreuses années d'amitié – depuis le début de nos vies en fait – capable de me faire du mal ? Devrais-je la fuir, devrais-je elle aussi la perdre, tout comme j'avais perdu Matt ? Je la dégoûterais sans doutes, j'étais un monstre assoiffé de sang après tout. J'étais stupide d'avoir cru que je pourrais mener une vie normale même après le drame que j'avais vécu. Bonnie, elle aussi, avait mal réagit. Elle me détestait. N'acceptait pas ce que j'étais. Enfin, son avis avait évoluée maintenant, mais ses sentiments auraient pu rester inchangés. Il était possible, même très possible que ma blonde amie réagisse de la même manière. Mon cerveau ne voulait pas m'écouter, et arrêter d'échafauder toutes ces tristes théories. Et si mon cœur battait encore dans ma poitrine, il se serait emballé sous l'effet de la peur qui me taraudait et de la tristesse qui m'envahissait. Je pensais à ma mère. Elle avait passer sa vie à chasser les vampires pour la sécurité de sa ville, tout comme ses ancêtres l'avaient fait avant elle, tout comme j'aurais dû le faire après elle. Je songeais à ce qu'elle devait éprouver. Le désarroi, la honte, la peine. Elle ne devait pas comprendre. J'avais toujours été sa petite fille. Et puis tout d'un coup j'avais grandit et m'étais rebellé, tandis qu'elle me perdait peu à peu. Quant à mon père, je ne le voyais presque plus et ce n'était pas faute d'essayé d'aller lui rendre visite. Il avait quitté ma mère, et était parti vivre loin, bien loin de Mystic Falls. Ma mère ne s'en est jamais remise, et aujourd'hui encore c'est un sujet sensible que je n'aborde jamais avec elle, sauf quand je souhaite l'atteindre. Ce que je faisais plus avant, pour lui montrer que j'existais. Maintenant je suis morte. J'aurais dû être enterrée mais j'étais toujours là. Mon corps froid chauffé à la caféine, ma peau doucement bronzée, vestige de ma vie d'avant. Enfin non, de ma vie tout court. La situation de ma mère était terrible. Elle devait choisir. Répondrait-elle à ses devoirs en éliminant un potentiel danger ? Ou alors écouterait-elle son cœur de mère qui lui hurlait de ne pas faire de mal à sa petite fille, même si celle-ci n'était plus humaine. ? Un choix ardu s'imposait à elle. Et viendra un moment où, sans doutes, quelqu'un découvrira la vérité sur mon état. Ce jour là, je serais obligée de disparaître, tandis que ma mère, elle, sera obligée de tout faire pour me tuer... définitivement. Dans les livres, dans les films, les vampires sont les héros. De mon côté, je faisais une bien triste héroïne.

Je baissai doucement les yeux vers ma bague. L'une des choses qui me faisait passer pour une fille normale. Sans elle, je ne pourrais sortir au soleil car je me ferais brûler vive et c'est une fin que je ne souhaite en aucun cas connaître. Par contre, tuer Katherine et Damon de cette manière serait, je pense, une douce vengeance. Les éliminer, les effacer du monde. Il ne représenterait plus de menace, ne sèmerait plus le mal derrière eux. Damon avait l'air de changer un peu, d'après Elena en tout cas. Mais je m'en fichais. Il m'avait fait du mal alors que je n'étais encore qu'une humaine. Un jouet, voilà ce que j'avais été pour cet homme cruel. Si son cœur ne battait plus, il aurait été bénéfique qu'il se souvienne qu'un jour, il avait été en état de marche, et qu'il lui était toujours possible d'éprouver des sentiments et d'être gentil. Cependant il avait choisi sa voie. Et pour Katherine... cette saleté était irrécupérable. Chacun de ses actes n'étaient destinés qu'à détruire la vie des personnes qui l'entouraient. Bref, ils étaient deux monstres que, si j'en avais été capable, j'aurais supprimé avec grand plaisir.

Mon regard se tourna ensuite vers Hazel. Une humaine sans défense, qui pourtant était au courant de beaucoup de choses, apparemment. J'avais même croisé son double. C'était la même. Comme Katherine était le sosie parfait d'Elena, exactement la même. Ne manquait plus que Bonnie ait elle aussi son double vampirique, et mes trois meilleures amies en aurait un. Celui de Hazel se nomme Gaïa. Je n'en sais pas plus sur la froide et cruelle blonde. J'hésitais. Devais-je en parlé à ma meilleure amie, au risque de lui faire plus peur qu'autre chose ? Mais il fallait qu'elle se méfie. J'étais perdue dans mes pensées, si bien que la voix de la petite McCullough manqua de me faire sursauter quand elle se décida à me répondre. Sa première phrase me choqua. Non, en fait, ce fut pire. Je fus comme paralysée par ces mots qu'elle avait dit d'une manière si simple. Non, c'était tout bonnement impossible. Meredith, la femme la plus gentille du monde ? Celle qui avait été là pour moi quand j'étais petite, qui avait été super gentille, et qui m'écoutait au contraire de ma mère ? Apprendre sa mort m'avait déjà fait beaucoup de mal, je n'en parlais pas à Hazel parce qu'elle souffrait sans doutes beaucoup plus que moi, mais au fond c'était dur. Là, apprendre ca d'un bloc, c'était compliqué à gérer. La suite m'affligea encore plus. Ainsi donc elle était au courant de l'existence de Gaïa. Et c'était cette dernière qui avait volée la vie de l'innocente madame McCullough ? Je fulminai. Une colère froide s'empara de moi. Si je la croisais, je lui ferais passer le goût de recommencer. Jamais, jamais elle n'aurait dû faire ca. Puis le chagrin s'insinua en moi et je m'affaissai. J'aurais été capable de le faire moi aussi. D'ailleurs, dans un accès de haine, j'étais capable sans me rendre compte de ce que je faisais de boire tout le sang d'un de mes proches et de le regretter ensuite. C'était dans mon caractère de changer facilement d'humeur, et ca c'était accentué avec la transformation. Une larme cristalline roula sur ma joue pour s'écraser sur la jupe de couleur gris cendré que je portais ce jour là. Je serrais les poings sous la table. Je plantai mes prunelles bleues dans celles de mon amie. Je n'allais pas prononcé l'hypocrite « désolée » que chaque personne disait. Ca sonnait faux, et dans ma bouche ce serait pire encore. « Je... » ma voix se brisa et je dus m'y reprendre. « C'est horrible. Celle qui à fait ca est un monstre. » Je faillis ajouter : comme tous les vampires, d'ailleurs. Mais mon esprit recréa l'image de Stefan. Le cadet des frères Salvatore n'était lui, pas un monstre. Il était droit et juste, gentil, compréhensif. Il savait aimé, et aidé. Il était là quand on avait besoin de lui. Il ne tuait pas et ne se nourrissait même pas du sang d'innocente victime humaine, se tournant plutôt vers un régime purement fait de sang animalier, même si le goût était répugnant. « Oui, Hazel. Tu es sans doute liée à leur monde. Rien que le fait que tu ais un... un double le prouve. » Que dire d'autre ? Rien. Je n'avais rien à lui dire de plus. J'étais tétanisée. Mes lèvres s'entrouvrirent toutes seules. « Et je suis... » Je mis la main sur ma bouche, horrifiée de la phrase que j'avais failli lui lancer. Et je suis un vampire, moi aussi. Je me levai, lui laissai le carton et sorti à pas lent du bar. Air frais, j'avais besoin d'air frais.