Les choses s’étaient améliorées entre Brandon et elle ; malgré que certaines tensions persistaient, la jet-setteuse se sentait renaître. La matinée débutait intensément au Hilton ; une nouvelle cliente arrivait tout droit de Paris et désirait qu’on lui fasse un accueil triomphal. Le mannequin avait donc sommé tous les employés d’être dès l’aube à l’hôtel afin de peaufiner les derniers détails de l’arrivée de cette cliente de renom. Dès huit heures du matin, fardée et habillée par George Kotsiopoulos devenu son habilleur et coach personnel, Penny était au pas de course et se ruait de pièce en pièce afin de s’assurer que tout allait être opérationnel pour l’arrivée de la grande dame. Habillée d’un top carré moulant simplissime et blanc qui lui permettaient la fantaisie d’un look totalement raffiné, retro et à la fois tendance avec sa petite jupe péplum aux basques osées et ondulantes signée Jason Wu, la fashionista voyait sa silhouette se redessinant coquettement en lui donnant un air des plus fabuleux. Complétant sa tenue d’une paire d’escarpins rose en peau de serpent Bally, un sac à main de cuir de la nouvelle collection Printemps DELORME, la jeune femme se coiffa sa chevelure en deux tresses hautes rabattues sur la tête puis sortit sans plus attendre hors du bureau, prête à affronter le monde. Le repas était prêt et le fumet était exquis, la suite bien dressée, l’apéritif de bienvenue se présentait également sous de meilleures hospices. Après dix minutes à faire le tour de l’hôtel pour s’assurer que tout était prêt, la jeune femme accorda quelques minutes de pause aux employés avant de rejoindre son bureau; la parisienne sera à l’hôtel dans trois heures. Ils avaient encore le temps de régler les derniers petits détails. S’installant dans le grand fauteuil de cuir, Penny le fit tourner sur lui-même à plusieurs reprises avant d’arrêter son regard au-delà des immenses baies vitrées de l’hôtel. Le soleil brillait comme un diamant trônant au milieu d’un tissu de soie, modelé au gré des vents. La diva se mit à rire, amusée et distraite ; tout lui souriait maintenant. Sa vie professionnelle s’annonçait radieuse, tout comme sa relation avec Brandon. Hélas, ses relations amicales étaient un peu plus tendues dernièrement, tout comme son lien brisé avec Joshua, son jeune frère. Le mannequin se repoudra le nez et passa un dernier coup de rouge à lèvres Just Glamour puis se redressa et se rendit à pas pressés à la réception afin de s’assurer que le jeune réceptionniste avait tout compris. Visiblement, le joli cœur était opérationnel. Soudain, Evan débarqua dans le hall et salua d’un sourire Penny : il était sans doute stressé et voulait –comme toujours- s’assurer que le travail était nickel ! Loquace, la jeune femme lui fit alors une visite guidée de la suite, lui montrant que l’équipe et elle-même n’avaient rien laissé au hasard. Son ami afficha un grand sourire de soulagement ; la starlette et lui restèrent alors quelques minutes ensemble. Evan affirma qu’il allait s’occuper de la venue de cette grande dame qu’il connaissait visiblement bien vu qu’elle était proche de sa mère. Acquiesçant, le mannequin eut un sourire légèrement clair lui passant sur les lèvres ; cela signifiait journée de terminée ! Elle déposa une bise sur la joue de son ami afin de lui souhaiter bonne chance puis quitta d’une démarche assurée l’hôtel. Grimpant dans son cabriolet, la starlette observa durant de longs instants le ciel traversé par la douce lueur du soleil ; la journée était si belle, si chaude qu’elle eut envie de la partager avec quelqu’un, quelqu’un qu’elle n’avait pas vu depuis bien longtemps déjà. D’ailleurs leurs liens étaient plutôt tendus depuis leur dernière entrevue avec le reste de la Jeunesse Dorée. Composant aussitôt le numéro de téléphone de sa sœur de cœur Blair, Penny attendit quelques minutes avant que celle-ci ne décroche ; sa voix était enrouée, rauque. Elle paraissait hautaine, n’ayant pas envie de s’étaler au téléphone mais la blonde n’avait pas dit son dernier mot, souhaitant plus que tout qu’elles se retrouvent afin de parler de leurs secrets avoués à la Jeunesse Dorée ; Drew ne lui parlait plus, Lily la regardait encore plus mal et visiblement Blair n’avait pas accepté que le secret ait été dévoilé, malgré que Penny avait gardé le silence jusqu’à la dernière seconde. Maussade, la secrétaire refusa d’abord sa requête, mais la diva avait toujours de bons arguments pour faire plier ses adversaires ; Blair accepta enfin et toutes deux se donnèrent rendez-vous dans moins d’une heure au centre commercial afin de parler. Penny savait que c’était leur endroit , leur paradis mais aussi le moyen de sans doute les rapprocher comme avant.

La journée shopping débutait enfin et cela ne faisait qu’enjouer le mannequin: faire chauffer la carte de crédit de son père avait toujours été sa lubie numéro un. Le soleil illuminait les vitrines de grands créateurs derrière lesquelles brillaient les vêtements, les chaussures, les bijoux. Emerveillée, la jeune femme observait chaque devanture avec une attention particulière ; elle imaginait chaque tenue portée sur elle-même, le tissu ondulant le long de ses courbes et chutant droitement au ras de ses cuisses. Un véritable arc-en-ciel se déployait sous ses yeux ébahis ; la mode avait toujours été une passion pour Penny, et elle en avait fait son métier durant de longues années avant finalement d’accepter l’offre de son ami Evan et se lancer dans les affaires. Chiquement vêtue, la new yorkaise apparut enfin ; un manteau aux coupes droites rendait sa silhouette encore plus élancée et son élégance demeurait inchangée. Penny s’avança vers elle et esquissa un sourire, hésitant à l’enlacer affectueusement comme elle l’aurait fait d’habitude. Malgré tout, Blair lui avait horriblement manqué! Elles ne s’étaient pas vu depuis la réunion chez Evan et rares étaient les fois où elles avaient échangé quelques mots sur les BYOL ou par téléphone. Blair !!! Je suis tellement heureuse de te revoir, comment vas-tu ? Un sourire jovial se dessina sur ses lèvres du mannequin. Il faut que l’on parle toute les deux…De ce qui s’est passé l’autre soir. Murmura-t-elle en fixant droit dans les yeux son amie. Penny sentit son cœur battre à tout rompre ; le regard insistant de la secrétaire la dérangeait plus que tout. Elle entreprit alors de l’amener dans une de ses boutiques de luxe préférées. Les deux jeunes femmes y pénétrèrent et sans plus attendre, le modèle se mit à « chiner » tout en adressant de petits coups d’œil intéressés vers Blair qui était assez silencieuse, espérant que ce moment de complicité allait la faire parler et de nouveau les souder. Penny observa toutes les robes, toutes les coutures, et toutes les couleurs désirant chercher la tenue qui la rendrait superbe lors de la prochaine cérémonie des Oscars où elle accompagnera Brandon. Tombant sur une robe noire, avec une fente s’entrouvrant sur le côté de la cuisse droite, la blonde voulut aussitôt l’essayer mais elle se retint, car Blair s’apprêta enfin à parler. Penny garda alors la robe accrochée à son bras tout en déposant son regard inquisiteur vers son amie. Elle souhaitait plus que tout que les tensions ne soient plus qu’un vilain souvenir, comme cette soirée morbide achevée brusquement chez Evan.

En dépit de la tension du matin liée à l’arrivée imminente de la patronne de L’Oréal au Hilton, Penny aidée de toute l’équipe dressèrent merveilleusement bien la suite de la milliardaire. Tout avait été parfaitement bien rangé, minutieusement astiqué, rien ne manquait à l’appel, aucune faute de mauvais genre, de mauvais goût. Une heure après le grand ménage et les grandes préparations, l’héritier du Hilton pénétra dans le hall ; fébrile et pressé, il adressa à peine un regard au mannequin qui pressait le pas énergiquement en sa direction. Leurs regards se croisèrent finalement, un bref instant, juste le temps que Penny ne lui dresse un bilan sommaire des mises en œuvre dressées par l’équipe et elle-même. D’un hochement de tête suivi d’un mouvement bref des épaules, le gérant la remercia et lui accorda le reste de la journée de libre ; malgré que cela la réjouissait, une part d’elle avait terriblement envie de rester car après tout, c’était elle qui avait tout préparé et tout réajusté afin que les désirs et les envies de Madame Betancourt soient respectées. Hélas, Evan l’avait congédiée poliment, préférant visiblement prendre pour lui toutes les roses que la femme d’affaires lui tendra gentiment. Dévalant les ruelles ensoleillées de L.A dans son cabriolet d’un rose vif et charmant, la jeune femme s’arrêta au niveau d’un feu rouge afin de composer le numéro de son amie Blair ; au bout de deux tonalités, la secrétaire décrocha. La voix rauque, le souffle affirmé et bruyant, la new yorkaise n’avait visiblement pas très envie de discuter avec Penny. Cela eut le don de miner la joie du mannequin qui ne baissa toutefois pas les bras car ce n’était pas du tout dans son tempérament. Défaisant avec soin ses tresses, elle laissa retomber ses mèches blondes sur ses épaules avant de donner un vif coup d’accélérateur afin de rattraper son retard. Une heure plus tard, Penny arriva au centre commercial qui était noir de monde ; les grandes boutiques de luxe demeuraient cachées dans un coin secret, un Eden accessible aux personnes d’un certain rang, obéissant à certaines mœurs ; à pas gracieux, la fashionista jeta un coup d’œil par ci et par là dans l’espoir de retrouver son amie Blair, hélas aucune trace de celle-ci. Peut-être que la secrétaire désenchantée n’allait pas venir ? Après tout, une part d’elle le comprenait, sans doute aurait-elle fait pareil si la situation aurait été inversée ? Ses yeux clairs se heurtèrent aux devantures brillantes des magasins flamboyants ; les robes et les chaussures signées étincelaient féériquement derrière les hautes vitrines aussi transparente que du cristal. Un arc-en-ciel de couleurs qui renvoyait aux douceurs de la belle saison qui venait de voir le jour sur Los Angeles. La diva se pencha vers l’une des vitrines ; c’était la boutique DELORME. Elle admira tous les derniers articles de la collection Printemps-Eté 2012 ; des bottines aux couleurs enchanteresses, des escarpins aux nuances pastelles, des sacs avec des imprimés fleuris et vivants, des bijoux brillants et ornés de perles en forme de rosaces. Tout était absolument sublime ! Elle se sentait brûlante ; la fièvre acheteuse venait de la foudroyer en plein cœur. Alors qu’elle divaguait en regardant ici et là, Penny entendit la petite voix de Blair hélant son prénom à plusieurs reprises. Sortant de son songe éveillé, le mannequin alla retrouver sa sœur de cœur à qui elle adressa un tendre et grand sourire ; elles devaient mettre leurs rancoeurs de côté et aller de l’avant, ne plus penser au passé, aux incidents de parcours. L’avenir était à elles, à eux tous, à la Jeunesse Dorée. Néanmoins, Penny était quelqu’un qui malgré toute son affection pour quelqu’un, était assez rancunier quand elle se sentait trahie ; en dépit de son large sourire, la fashionista n’en n’oubliait pas la terrible soirée qu’elle avait passée. Par le passé, sans doute aurait-elle dû réfléchir à deux fois. Elle était assez naïve et sotte par moment. Ce n’était pas méchant, mais avec un peu de malice, on pouvait l’avoir et la contraindre à faire ce que bon nous semble et c’avait été le cas avec Blair qui avait orchestré depuis le début la non-union de Drew et Lily. Et naïvement et parce qu’elle ne voulait pas décevoir sa sœur de cœur –et sans doute aussi, parce qu’il s’agissait de Lily, son ennemie-, le mannequin avait décidé d’entrer dans cette partie plus que dangereuse. Les deux amies se saluèrent machinalement, s’adressant de légers sourires et des regards en demi-teinte. Néanmoins la joie de se retrouver était bel et bien présente ! J’aurais dû t’en donner plus tôt, mais je n’avais pas une minute à moi avec toutes les affaires au Hilton et mon nouveau projet ! Penny esquissa un léger sourire alors qu’elles décidèrent d’entrer dans une boutique. Une part de sa phrase était teintée de vérité, mais l’autre de mensonge ; elle aurait pu bien lui passer un ou deux brefs coups de fil, mais elle ne l’avait pas fait, par rancune, par fierté. Tout lui était retombé dessus horriblement. La boutique de haute couture était fraiche, parfumée au lilas et aux fleurs exotiques ; un vrai petit souffle de printemps et d’été que le mannequin respirait avec délice en cherchant une tenue digne de ce nom. Ses doigts dessinèrent les courbes de chacune des robes qu’elle observait. Les étoffes étaient tantôt soyeuses, tantôt plus rêches, par moment, certaines étaient parsemées de perles et de bordures légèrement damassées et diamantées, alors que d’autres se trouvaient composées de quelques sequins. Ses yeux brillaient comme les perles accrochées aux étoffes soyeuses et colorées. Le mannequin adressa un coup d’œil à sa sœur de cœur lorsque celle-ci réprima un soupir avant de lancer la discussion tant attendue et tant épineuse. Penny garda la robe entre ses mains en effleurant maladivement le motif emperlé de gemmes diverses et brillantes au niveau du décolleté. Petit à petit, Blair dévoilait son envie de retrouver sa complicité d’antan ; avec elle, mais aussi avec les autres de la Jeunesse Dorée. Cette envie avait traversé à maintes reprises l’esprit de la blonde, mais elle savait que c’était peine perdue, surtout depuis la houleuse soirée de chez Evan. Cette nuit brûlante restera gravée au fer rouge dans leurs six esprits. Penny répondit d’un maigre sourire à la secrétaire alors que celle-ci enchainait avec un calme admirable son authentique discours. Elle en fut touchée, mais hélas, sa part de rancunière se manifesta intempestivement. Le mannequin reposa la robe sur le cintre et fixa longuement Blair, sans dire mot ; elle songeait à son interrogation. La secrétaire l’avait lancée comme si tout était gagné d’avance, mais l’était-ce réellement ? Une main glissée dans sa chevelure blonde, la jeune femme réprima un soupir en avouant à son tour, d’une voix plus grave. J’aimerai bien Blair, mais tu sais aussi bien que moi que c’est impossible. On aura beau se voiler la face, certains faits nous retomberont vite dessus. Ce secret qu’on défendait, on le croyait caché pour l’éternité, et la preuve, il est ressorti l’air de rien. Je ne voulais pas l’avouer, mais j’en avais réellement assez de passer pour la vraie petite pétasse qui brise des ménages et qui ne mérite aucun respect. J’ai été blessée par toutes leurs remarques. Et j’ai surtout pris en compte le fait que j’ai été naïve et vraiment stupide de te suivre sur le coup ! Admit-elle calmement. Tu sais que je t’adore Blair, mais…Tu m’as laissée endosser le sale rôle. Tu as laissé Lily me faire du mal et tu n’as rien dit. Tu le savais pour Brandon, tu étais au courant et tu m’as tout dit qu’à la fin. Tu as préféré choisir son camp plutôt que le mien ! Ca je ne l’ai pas admis ! Par la suite, je m’en souviens très bien, je t’avais dit de rester avec Charles le plus longtemps possible mais tu ne m’as pas écoutée. Je sais que je suis la blonde écervelée et cruche de la bande, mais toi comme moi savons que par moment que ce n’est qu’une image. J’étais comme ça quand j’étais plus jeune, oui, mais je sais me montrer responsable quand je m’y mets. J’ai vraiment fait beaucoup pour toi, et en échange, qu’est-ce que j’ai eu ? Pas grand-chose, et cela me déçoit. Remarqua-t-elle en fronçant les sourcils. La colère la submergeait mais Penny ne devait pas y céder ; elle avait appris à rester calme. A ne plus laisser son impulsivité exploser comme une bombe. Je veux aller de l’avant. Brandon m’a apprit à grandir, à pardonner, tout comme Drew d’ailleurs et je m’en veux terriblement de les avoir fait souffrir pour nos gamineries Blair. Je veux tout oublier naturellement, mais je veux que tu me promettes que plus jamais on ne se trahira et on ne se mentira. Je veux être convaincue que je pourrai compter sur toi et que tu ne choisiras plus Lily au profit de moi. Si la prochaine fois une histoire entre elle et moi se produit, j’aimerai que tu restes en dehors. Neutre. Que tu ne m’en mêles pas. S’il te plait ! Lui dit-elle calmement, les yeux brillants comme s’ils étaient des diamants fendus par ses larmes brûlantes qu’elle retenait avec fierté et assurance. Penny avait été franche et directe sur toute la ligne ; on la connaissait surtout pour ça, sa franchise, son assurance, sa force de caractère. Elle avait préféré poser ses conditions à Blair avant d’accepter réellement de prendre avec elle le chemin de la réconciliation.