La matinée était ensoleillée, un vrai temps de plage. Les cieux d’azur fricotaient avec la blancheur maculée des nuages mousseux, les oiseaux erraient dans ces océans sans fin, les illuminant de leurs chants et de leurs plumages chatoyants. L’été approchait à grand pas ; la belle saison du Printemps offrait un florilège de senteurs, d’herbes et d’espoirs. Ce jour était officiellement son premier jour de congé ; la jeune femme d’affaires avait travaillé sérieusement et s’était donnée à deux cent pour cent dans l’affaire de son ami Evan. Le Hilton resplendissait d’une renommée nouvellement refaite ; les idées novatrices du mannequin et son sens inné de la fête avaient fait que le Hilton respirait la modernité et la bonne ambiance désormais. Sous les dictats de son meilleur ami, la starlette n’avait cependant pas tout changé ; elle s’était permis quelques futilités, quelques arrangements extravagants qui avaient eu le don de charmer tous les clients. Désormais, c’était fière et la tête haute que la blonde voulait à son tour se lancer dans les affaires ; elle avait le projet de ‘Silverstone Spa & Resorts’. Des stations thermales et balnéaires complétées d’hôtels de luxe et de centre de beauté et de confort. Le projet mûrissait de plus en plus dans son esprit ; ses idées prenaient les couleurs du rêve, mais aspiraient au parfum de la réalité. Son père avait accepté de signer un contrat avec elle, se qualifiant ainsi comme l’un des partenaires principaux de l’entreprise ; Charles avait été aussi intéressé par le projet et lui avait également soumis quelques idées de son chef afin de rendre l’entreprise plus captivante et plus compétitive. A présent, Penny avait grandi ; depuis qu’elle avait retrouvé une réelle stabilité dans sa vie amoureuse avec son acteur d’Hollywood Brandon, les choses s’étaient également simplifiées dans a vie professionnelle. Accrochée à son blackberry, la fashionista lisait avec un intérêt exemplaire les pages du BYOL d’un de ses amis. Il y avait d’ailleurs quelques messages laissés par Drew qui retinrent absolument son attention vu qu’il parlait d’elle. Peut-être était-il temps d’enterrer la hache de guerre entre eu ? C’était ce que le berlinois avait proposé en décidant de les convier à une de ses extravagantes fêtes. Mais tous deux avaient refusé, par fierté, par peur, par lâcheté. Perchée sur ses Louboutins, la diva glissa ses doigts dans ses cheveux blonds les replaçant en arrière ; elle posa ses lunettes de soleil de la nouvelle collection inventée par Anna Dello Russo pour H&M sur ses yeux tant le soleil était ardent et vif, puis avança avec élégance, légèreté et grâce dans les rues pleines de la City. Bien que la chaleur était accablante, les gens avaient l’air d’apprécier le changement assez brusque de météo ; il est clair qu’après les quelques journées de pluie, un peu de soleil était vraiment le bienvenu ! Penny réajusta son shorty Sandro qui se mariait parfaitement à son petit haut turquoise d’une simplicité admirable que les colliers et les bracelets embellissaient. Elle arriva devant la Glacerie, négligeant totalement les flashs des Paparazzis ; la popularité ne lui était plus aussi importante qu’à l’époque où elle ne vivait que de cette gloire éphémère. La Glacerie italienne était pleine de monde, mais le mannequin parvint à y trouver une place ; elle commanda une glace à la Vanille et au Poivre Rose et pour la seconde boule au chocolat blanc. Ses yeux brillaient à mesure que les boules étincelaient de leurs couleurs pastelles sur le cornet. Penny remercia le glacier et passa à la caisse. Elle régla la note. Léchant la première boule parfumée légèrement par le poivre rose, la jeune femme observa les passants qui profitaient du soleil en restant assis sur les bancs près du marchant de glaces. Elle décida de prendre à son tour un petit bain de soleil. S’installant sur l’un d’eux, Penny continua à se délecter des saveurs de sa glace parfumée et onctueuse lorsque tout à coup, quelqu’un lui voila la vue de sa silhouette noire et imposante. Le mannequin grimaça et ôta les lunettes de soleil qu’elle glissa au sommet de son crâne. Bien sûr, il ne pouvait y avoir qu’un seul imbécile au monde qui prenne autant de plaisir à la tourner en bourrique ! Josh ! Le surfeur venait de garer sa jeep juste face à elle, histoire de lui barrer la vue, mais aussi de l’embêter. Calme et sournoise, Penny resta sur le banc sans dire mot, décroisant simplement ses longues jambes. Son cadet avança jusqu’à elle. Il lui adressa un petit rire moqueur avant de s’engouffrer chez le glacier. Il en ressortit quelques minutes plus tard et prit appui contre le capot de sa voiture, bien face à elle, comme pour la narguer davantage. « Dommage, moi qui avais pensé que la journée allait être magnifique ! Il en faut peu pour que ce soit toujours les mêmes qui me gâchent la vie ! » Fièrement, la blonde se releva et alla jusqu’à son frère ; elle s’installa sur le capot de la voiture, afin de le narguer à son tour. « Joshua, quelle belle surprise ! Le hasard fait si bien les choses ! » La jeune femme se pencha pour mieux le fixer droit dans les yeux ; les deux frères avaient le même regard, brillant, bleu tirant sur le vert, légèrement noirci par le mépris qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre. Brusquement Penny approcha ses lèvres du cornet de son frère et goûta à sa glace « La voilà contaminée par mes microbes, tiens ! Histoire de me venger du fait que tu te sois garé juste devant moi pour m’embêter ! » Ils avaient toujours eu ces attitudes de gamins ; leurs jeux et leurs mots étaient enfantins par moment. La jeune femme se mit à ricaner fière et mauvaise avant de continuer à lécher sa propre glace. Josh essaya de lui faire le même coup pour se venger, mais elle l’écarta. « Ta sale bouche a trainé dans celle de Sanchez ! Je ne veux pas de ses maladies d’immigré sur ma glace ! Arrête! » Elle plaqua sa main contre le visage de son petit frère et le poussa ; ils rirent, amusés, puis amers. La journée ne faisait que commencer, comme le combat qui se présageait d’une rare violence car tel était leur jeu.