© Cyrine

Karen Angela Williams « Le poète est celui qui inspire bien plus que celui qui est inspiré. » - P. Eluard. 27/28ans (en apparence), XXè siècle , New York. Américaine. « We are not from your world »

Spoiler:

« Story of my life... »

Short Story : #{ De votre naissance à ce que vous êtes maintenant;;10 lignes minimum.}

CHAPITRE I : Quand on ne sait rien,
on peut tout de même trouver des choses,
avec de l'imagination.
- B. Vian.

J'ai fait un rêve étrange cette nuit. Un rêve que je n'avais pas fait depuis fort longtemps... Je m'étais laisser tomber là, au milieu des plaides et des coussins ronds bordant la causeuse, et c'est alors que des souvenirs lointains me sont réapparus. Mes yeux ne restèrent clos seulement deux futiles minutes, mais elles furent suffisantes pour que je retombe en enfance, l'espace d'un court mais délicieux instant. J'ai revu distinctement les visages doucereux de Lohann et Harry me sourire, me remémorant la tendre enfance passée à leurs côtés. Ce fut si ma mémoire ne défaille pas de trop, un soir d'Automne pluvieux dont l'année m'échappe que je naquis, moi, Karen Angela Harnett Williams, sous le ciel New-yorkais. Jeune enfant déjà, les adultes me jugeaient trop rêveuse que de raison, trop insouciante... Il faut dire que mes parents étaient des gens modestes, et que moi, comme je côtoyais des petites filles de classes plus aisées que la mienne, je me prenais à imaginer à quoi je ressemblerais vêtue de leurs robes en soie. Je me projetais dans un des grands jardins fleuris bordant les maisons bourgeoises voisines à tournoyer sur leur parterre immense peuplé de milles roses, mon jupons en dentelle tournoyant vivement avec élégance, porté par le vent. Bien qu'ils n'étaient pas à compter parmi les plus riches, mes parents n'en étaient pas moins incultes, au contraire. Très tôt, ils mirent beaucoup de cœur à parfaire mon éducation: romans, pièces théâtrales, poèmes, rien ne put m'échapper. Les histoires des livres dépassaient mon imagination, surpassaient l'entendement. Je les dévorais, une à une avec toujours le même entrain en tournant la page suivante. Lorsque déjà petite je lisais, la sensation de prendre possession du corps du héros m'animait, me projetant au centre des péripéties les plus folles. Avec du recul, je crois que mes lectures quotidiennes et abondement variées ont fini par me monter à la tête quand, à l'aube de l'adolescence, je commençai à m'inventer un ainé, ressemblant comme deux goûtes d'eau aux héros des belles histoires que je lisais et dont les personnages me passionnaient. Il était fort, le visage doux et l'allure virile, sans oublier grand d'esprit. Par moments, j'avais réellement l'impression qu'il existait, que je le verrai un jour, quand il reviendrait de chaque voyage que je lui inventais avec conviction. Je me souviens que dans ma tête d'étourdie, les parents étaient très fiers de leur garçon, parce qu'il avait réussi... Et, à la fois le connaissant mieux que personne et ne sachant absolument rien de lui, il me manquait chaque jour davantage, à tel point que son fantôme finit par ne plus me suffire... Je me sentais seule, si seule que la petite boule ayant pris racine au creux de mon ventre ne cessait de s'accroitre au fur-et-à-mesure que je grandissais, envahissant mes tripes et nouant mon estomac. Naïve, je me disais que la magie de l'esprit avait donné vie à ce personnage à travers ma plume et qu'il en avait profité pour s'échapper, ce qui au bout d'un certain temps ne me rassurait plus du tout sur ce sentiment de manque violent qui s'accentuait douloureusement.

CHAPITRE II : On commence à avoir des malheurs
quand on a cessé de ne penser qu'à soi.
- B. Vian.

Les années passèrent lentement, tandis que mon corps d'enfant devenait femme. Avec le temps, j'avais oublié ce frère, obnubilée par tout autre chose. Possible que les livres m'étaient montés à la tête, après tout, c'était les seuls et uniques mots qui sortaient de la bouche des femmes en ville. Celles de mon quartier, puis les autres aussi, des connaissances de la famille. Si je me fichais éperdument de leurs avis sur ma personne, elles en revanche semblaient se passionner pour mes convictions étiquetées loufoques. De mon temps, aussi lointain soit-il, les femmes n'occupaient aucune part particulière au sein de la société, autant dire que l'ambition était mal vue, à l'égal du péché. Leur dieu que tous priaient incessamment avec ferveur avait crée le monde pour qu'il tourne rond, hurlait mon père à chacune de nos discutions, toujours rapidement écourtées. Je le revois encore se dresser sous l'impact de l'exacerbation me sermonner. Ô non, impossible, il faillait aller dans le sens des choses, rentrer dans le moule et filer droit. Il y a un temps pour tout et temps pour toute chose sous le ciel, s'écriait-il, s'improvisant porte-parole d'un Ecclésiaste erroné. Me trouver un mari, fonder ma propre famille, enfin bien sûr se plier aux petits soins de mon homme et de nos chérubins. Voilà ce à quoi, à l'époque, aspirait la suprématie féminine. C'était seulement en remplissant ces conditions grotesques que les femmes accompliraient l'unique et bien modeste devoir qu'il leur était donné d'accomplir. Et alors, le bon dieu serait satisfait, avec en prime la grâce accordée du voisinage et de la famille réunis. Tout ce petit ménage était bien beau, mais moi, je n'en avais que faire de leur morale, tout autant qu'il m'était décidément impossible de comprendre pourquoi et en quoi ce dieu serait susceptible de s’intéresser à mon pauvre cas. Moi, je ne me marierais en aucune façon, et refusais de me laisser influencer d'aucune manière! Je n'avais que faire d'un homme qui m'aurait embarrassée davantage qu'autre chose. De même, les histoires communes tout ce qu'il se faisait de plus banal ne m’intéressaient guère. Ce vers quoi se tournaient les battements de mon cœur, c'était les grandes histoires bien trop hors du commun pour trouver une place dans ce monde restreint, pleines de passion, de fougue et de danger qui n'arrivaient que dans les œuvres célèbres. J'allais suivre le chemin qui s'était refusé à ma propre mère; devenir une écrivaine renommée, c'était décidé. Les idées solides comme le roc, rien ne pouvait me faire revoir mes choix. L'année 1919 , ma vie prit soudain un nouveau tournant, en même temps que l'Amérique toute entière. À la seconde où je m'emparai de mon diplôme au concours d'écriture universitaire, le droit de vote fut officiellement accordé à la gent féminine. Pour mon plus grand bonheur, ce qui ne symbolisait pas grand chose sinon l'abstraction aux yeux des autres filles de mon âge, me comblait de joie et d'espoir à la fois, car cet évènement amenait avec lui de nombreuses ouvertures en vue de mon avenir. Pour la première fois, je crus la réalisation de mes rêves véritablement possible. Cependant, je restais consciente concernant le long chemin qu'il me restait à parcourir. Il allait être rude, parsemé de maintes embuches, mais cet épisode marquait ma première victoire.

CHAPITRE III : La douleur est une chose
que l'on n'a le droit d'infliger qu'à soi-même.
- B. Vian.

Après cela, j'étais intérieurement convaincue d'avoir démasqué la trame de mon avenir, celui vers quoi se dirigeait progressivement ma vie. Je me trompais. Les embuches en question ne furent pas celles prévues. Cinq ans plus tard, cinq misérables années de rien ont suffi à littéralement bouleverser le cours de ma destinée. Un simple coup de téléphone suffit à renverser le temple de mon existence. Pénétrant discrètement dans la maisonnée l'après-midi, je surpris ma mère n'ayant pas pris garde à mon arrivée lâcher brutalement le combiné du téléphone. Mon père, homme bon, s'empressa de la réconforter, lui avouant ouvertement combien il s'en voudrait éperdument d'avoir commis des années en arrière cette erreur irréparable de laisser à l'abandon ce fils fatalement décédé. Postée derrière la porte du living, j'épiais le regard de mon père à travers lequel je pus entrevoir la culpabilité la plus monstrueuse. Ma mère, quand à elle, répétait encore et encore qu'elle n'aurait jamais dû. Dû quoi? Je devinais sans comprendre, tout bonnement choquée par l'annonce inattendue de cette révélation. Automatiquement, avide de réponses à mes interrogations fulminantes, j'entrepris de fouiller le passer dans l'espoir d'y trouver une explication rationnelle. Impossible. Il était impossible que ce faux frère existe bel et bien, qu'il vive quelque part loin de moi, peut-être même en ignorant tout de mon existence. Pourtant, il ne pouvait en être autrement, lorsque, obligée de m'écrouler à terre à cause de la dureté du choc, je réalisai qu'il ne provenait pas seulement de mon appétit pour la lecture et les histoires, mais aussi et surtout de conversations secrètes que j'eus surprises plus d'une fois. Voilà tout d'un coup que je me découvris un aîné dont je connaissais l'existence depuis longtemps, sans parvenir à comprendre les motivations qui m'avaient incitée à refouler pareille vérité. Laissant mes larmes couler à flot le long de mes joues rougies par la honte et la panique, je me lançai dans une course effrénée en direction du cimetière le plus proche. C'était mon devoir en tant que sœur envers ce frère trop longtemps resté dans l'ombre. Dehors, l'atmosphère était des plus obscures, le brouillard couvrant les bois de son voile aveuglant et la lune prisonnière de nuées grisâtres rendant son apparence poussiéreuse surplombait le paysage lugubre. Sur mon chemin, j'éprouvais des difficultés à progresser, tant ma vision se troublait pas à pas. Je m'étais vite perdue. Épuisée, j'étais sans le savoir toute proche du but, mais décidai de me reprendre un instant en m'adossant à un tronc. Surgit alors de nulle part une imposante masse noire, tout droit sortie des enfers qui m'engloutit sans attendre, ma main ayant à peine eût le temps d'effleurer l'arbre. Je sentis mon crane heurter violemment la terre et mes cottes se briser instantanément sous un poids surhumainement lourd. Dépourvue de la force nécessaire pour crier, je crachai mon sang en un râle de gorge puis échappai un soupir d'imploration. Je voulus mourir afin que la douleur disparaisse, hélas, le supplice perdurait. Devant mes yeux peignant l'effroi, se tenait un loup gigantesque, au poil se confondant à la noirceur de la nuit, les canines aiguisées luisant sous la lumière opaline. Encore la torture, et puis plus rien, mis à part un flux bouillant circulant en moi. Une sensation mystérieuse s'empara de mes veines, comme si elles gonflaient au passage de ce liquide insupportable. Je pensai devoir encore souffrir, mais le véritable mal était en réalité terminé. Lorsque, complètement déboussolée, j'ouvris à nouveau les yeux, un homme fort charismatique se dressait à mon chevet, sa main caressant affectueusement la mienne. Ethan Aaron Williams, le fameux frère. Je découvris que nous étions jumeaux, une découverte qui mit fin au mystère du terrible manque qui avait toujours fait partie intégrante de mon être. L'enfant abandonné aux bras d'une richissime famille qui saurait prendre soin de lui et en faire quelqu'un. En cet instant, j'ignorais encore tout de son vrai visage: celui du traire machiavélique et manipulateur à souhait qui m'a caché l'existence de son fils prodige. Il était pour moi plus parfait que possible, dépassant toutes les qualités que je lui avais attribué par le passé. À ses côtés et sous sa protection, nous allions avoir l'éternité afin de rattraper le temps perdu, créer notre propre famille, ne plus jamais manquer de rien.

Vos buts & vos craintes dans la Vie : Je crois que dans mon cas les deux se rejoignent. J'ai connu la solitude une longue partie de ma vie, alors je pense qu'aujourd'hui plus que jamais, je ne peux craindre pire que de la connaitre à nouveau. Laissez-moi seule un instant face à moi-même et mon esprit fulminera de milles et un scenarii tous plus chaotiques les uns que les autres, où ma famille se sépare, où aucune aventure ne vient pimenter ma vie devenue trop tranquille, où tout ce qu'Ethan et moi avons bâti s'écroule... J'ose espérer que la solitude a quitté ma vie pour de bon, par ailleurs je sais que rien n'est jamais acquis, encore moins certain. Je n'aspire qu'à embellir la vie que je mène, auprès des miens, Ethan et April, et j'espère voir un jour le jeune Christopher s'épanouir à nos côtés. J'espère également avec ferveur pouvoir publier encore et encore, j'aimerais que cela dure toujours, hélas je suis consciente que tôt ou tard ce ne sera plus possible. Je serais censée vieillir progressivement, puis mourir. C'est dans l'ordre des choses chez les humains qui peuplent mon cota de lecteurs. Dès lors, je ne pourrais plus écrire que pour moi. Je passerais le temps sans recevoir aucun témoignage de gratitude, de reconnaissance, et alors je sombrerais dans l'ennui profond. Malgré toute la lucidité dont je fais preuve, j'ose prier de ne jamais perdre l'inspiration qui me tient... Dans le fond c'est peut-être ça, ma plus grande crainte.
Vos passes-temps , loisirs , hobbies : Je commencerais par dire que j'aime profiter de la vie et des plaisirs qu'elle peut offrir, tout simplement. J'occupe le plus clair de mon temps dans l'enceinte du manoir familial. Si vous ne m'y trouvez pas en train d'écrire quelques lignes où quelques rimes, c'est que je serais partie explorer le monde des vivants à la recherche d'un parc tranquille ou d'une forêt endormie pour y trouver la quiétude et l'inspiration. Je prends toujours plaisir à m'extasier devant un petit rien, à tel point qu'il m'arrive de passer des journées entières chez l'antiquaire du coin. Je cherche souvent à y dénicher un objet ancien, peu importe le genre ou le style du moment qu'il me rappelle mon époque et l'endroit où j'ai grandi. Vivant dans une demeure si somptueuse, j'ai au fil du temps passé à côtoyer le lux, appris à apprécier les belles choses, si bien qu'à présent il m'est difficile de résister devant un diamant scintillant ou bien une robe dessinée avec talent, cousue soigneusement. Hormis tout ceci, il y a bien évidement les miens, avec qui je ne me lasse d'aucun instant -aussi minime soit-il, passé en leur compagnie. Ainsi, j'apprécie par-dessus tout contempler l'artiste peinte, au même titre que la chanteuse exercer brillamment leurs talents. Je pourrais y passer des heures entières.

Bienvenuuueee sur le forum =)