La naissance d'un enfant dans une très bonne famille peut être perçue comme un cadeau... Ou au contraire, comme une corvée. Je vis le jour un soir de décembre. La neige, les décorations de noël... Tout était si conviviale, si beau, mais ma mère se contentait d'étudier pour la énième fois ses dossiers. D'après elle, être femme d'affaire signifiait mettre sa vie personnelle de côté. Mais alors, pourquoi chercher à avoir un enfant au juste ? Pourquoi se marier ? Eh bien, s'il y a une chose qui lui importait plus que tout, c'était naturellement d'avoir un petit héritier. Ou petite héritière. A vrai dire, elle n'avait pas vraiment le choix et devait faire avec ce qu'elle avait, voilà tout. Oh, en ce qui concerne mon père ? Dîtes bonjour à un des metteurs en scène les plus en vogues du siècle. Ses projets s'avèrent bien souvent être de véritables chefs-d'œuvre. Je vous l'accorde, bien des personnes rêveraient de naître dans une famille telle que la mienne. Riche, connue... Mais, détrompez-vous. Ce monde de paillettes est bien loin d'être aussi rose que ce que l'on pourrait s'imaginer... Donc. Ma venue au monde se déroula ainsi. Une femme à l'allure froide, allongée dans un lit. Évidement, ma chère mère fit venir une équipe médicale jusque dans nos appartements. Pourquoi ? Et bien, accoucher dans un simple et misérable hôpital ne l'intéressait guère. Au contraire, accoucher dans une chambre ornée de marbres et de décorations de toutes genres correspond tout à fait à sa vision des choses et à son image. Mon père ? Lors de l'accouchement, il n'avait pas grand chose à dire. En fait, bien souvent, ma mère ne prenait pas réellement son avis en compte. Ou du moins, cela restait assez rare. Donc, comme vous vous en doutez, pour l'accouchement, elle n'en fit qu'à sa tête. Et lui, jugeant que sa petite femme chérie était dans une période de troubles et que les hormones lui jouaient des tours, la laissa agir comme elle le sentait. Tout ce spectacle, juste pour ma naissance. Ainsi, quelques heures plus tard, je vins enfin au monde. Une petite brunette aux yeux ébènes. Ma génitrice, épuisée, me prit tout de même dans ses bras. Et j'eus même droit à un long regard attendri, puis à une étreinte. Surement la preuve d'affection la plus... Honnête que je reçus de sa part durant toute mon existence. Quant à mon père, il n'était pas bien différent des autres pères, du moins à ce moment-là. Il me prit à son tour dans ses bras, passa un coup de fil à ses parents, ses amis, et annonça ma naissance au reste de la famille.

Ma petite vie se déroula donc ainsi. Unique enfant d'une famille prestigieuse, je me devais d'avoir un comportement irréprochable. Ma chère mère ne laissait rien passer. Que ce soit à table, devant des invités, je devais toujours me tenir droite, la tête haute, saluer, puis prendre part aux discussions lorsque j'en avais l'occasion pour exposer mon opinion. C'est de cette façon que je fus rapidement considérée comme une petite princesse en avance sur son âge. Du haut de mes sept ans, je me permettais de donner mon avis, de montrer mon désaccord, et même d'argumenter mes thèses. Naturellement, si cela fonctionnait très bien face à des inconnus qui repartaient le sourire aux lèvres en me répétant que j'étais une petite fille bien mignonne et intelligente... Ce n'était absolument pas le cas face à ma génitrice. Toujours inexpressive. Je n'avais que très rarement l'occasion de la voir. De même pour mon père. Ils étaient constamment au travail. C'est donc en compagnie d'une étrangère que je passais mes journées. Enfin, étrangère... Évidemment, je finis par m'y habituer avec le temps... Ma mère lui laissait toujours des consignes strictes à propos de mon éducation, et je me souviens que bien souvent, la pauvre femme se sentait un peu mal en me faisant respecter cette réglementation si sévère. Mon géniteur ? Oh, lui, comme à son habitude, se contentait de laisser ma mère libre de faire ce dont elle avait envie. Certes, il intervenait de temps à autres dans certains choix me concernant, mais rien de bien important...

J'eus la chance de faire la rencontre de certains personnes qui vivaient, en quelques sortes, dans le même monde que le mien. Par exemple, Evan Hilton. Je le connais depuis la maternelle. Qui aurait cru qu'on pourrait rester en contact aussi longtemps ? Quasiment inséparables, on ne faisait rien l'un sans l'autre. Puis il me permettait d'être, pour quelques temps, une petite fille normale et non le modèle auquel ma mère voulait me faire ressembler. C'est grâce à lui que j'eus l'occasion de faire la connaissance de la belle Lily. Qui n'est autre que ma meilleure amie. Et puis, la blondinette me présenta à son tour... Charles. Charles Isaak Lagerfelt. Mignon, sympathique... Sans même m'en rendre compte, je finis par tomber sous son charme. Mais, à croire que je n'avais pas droit au bonheur. Cette histoire ne fit pas long feu. Trop volage. Je ne mérite tout de même pas ce genre de traitement, n'est-ce pas ? Je suis unique, et il ne s'en était pas rendu compte, alors je l'ai laissé... Mais, comme un malheur n'arrive jamais seul, il a fallu que mes parents en rajoutent une couche avec leur histoire de divorce. Mon père avait trompé ma mère avec... Un jeune homme d'à peu près mon âge. Lorsque je l'ai appris, j'ai manqué de faire un malaise, c'est pour vous dire. Donc, je perdis à la fois l'amour de celui que je considérais comme un prince, mais, par la même occasion, aussi le peu d'amour et d'attention que je pouvais recevoir de mes parents. Vous vous doutez bien que je ne laissais montrer aucune preuve de faiblesse. Hum, on peut mettre cela sur le compte de l'éducation stricte de ma génitrice ? Ne jamais montrer ses faiblesses. Toujours avec mon allure de jeune femme forte et imperturbable, je répétais à qui voulait l'entendre que ces deux histoires ne m'avaient guère toucher. Grâce au soutien d'Evan et de Lily, je finis donc par tourner la page. Deux ans par la suite, je pris la décision de quitter le cocon familial qui n'avait rien de très chaleureux d'ailleurs, pour résider dans un bel appartement à Beverly Hills. J'y fis la rencontre d'Andrew Taylor. Un journaliste talentueux, mais avec qui ma relation dura seulement une année... Charles étant revenu s'immiscer dans ma vie... J'avoue qu'il m'arrive encore parfois de regretter mon comportement, mais... J'ai donc laissé Andrew pour Charles, une nouvelle fois. Oh, ne vous méprenez pas. Je n'avais pas que des intentions bienfaisantes à son égard. Je comptais tout de même lui faire clairement comprendre, à ma façon, que s'il se mettait à papillonner ici et là, je n'hésiterais pas une seule seconde à prendre ma valise et à repartir pour de bon cette fois-ci. D'ailleurs... Je repartis, quelques temps plus tard, mais pour des raisons différentes... Alors que tout se passait pour le mieux, Charles eut un accident. Plongé dans un coma... Lorsqu'il ouvrit les yeux, il ne se souvint de rien. Même moi... Tout avait été effacé... Et je ne pus le supporter bien longtemps. Mon être tout entier était rongé, encore et encore... Je n'étais plus la jeune femme pétillante et joviale qu'on connaissait... C'est de cette façon que je pris finalement la décision de partir, à Los Angeles. Tout ce que j'eus le courage de lui laisser fut une lettre, avec trois mots bien misérables... Je suis désolée. Mes bagages en main, je partis donc dans une autre ville, pour essayer de débuter une nouvelle vie. Evan m'offrit le poste de secrétaire, et moi, pendant ce temps, je me remettais peu à peu des évènements qui s'étaient déroulés dans ma petite vie faussement parfaite contrairement à ce que je voulais faire croire...

Mes buts ? C'est bien simple. J'en ai surtout un en particulier. J'aimerais pouvoir crée mon propre empire de la mode. Si ma mère réussissait à orchestrer ma vie auparavant, maintenant elle n'en a plus vraiment le pouvoir. Enfin, c'est surtout qu'elle me pense capable de pouvoir voler de mes propres ailes. Elle dit que j'ai surement dû hériter de son sens des affaires et que, par conséquent, elle n'a pas à s'inquiéter pour moi... Bref, ce genre de discours. Si pour l'instant je dois me contenter du poste de secrétaire, cela ne va pas durer éternellement. Enfin, pas que ce soit déplaisant de travailler pour Evan... Mais j'ai mes propres rêves, mes propres aspirations. Et je compte bien y arriver, quoi que cela m'en coûte. Puis, un deuxième but bien plus vague... Avoir une vie tranquille. Une vraie famille. Un environnement stable. Enfin, si c'est possible. Je commence même à douter de l'existence d'une vie pareille. En ce qui concerne mes craintes, elles ne sont pas bien nombreuses. En fait, elles se ramènent à une seule et unique crainte : l'échec. Tout rater. Laisser filer des occasions en or, ne faire que des erreurs et ne rien réussir.

Collectionner les peluches fait partie de mes passes-temps préférés. Stupide, hein ? Mais pourtant, je trouve cela très distrayant... J'ai une énorme collection, que j'ai débuté lorsque je n'étais qu'une petite fille de dix ans. J'ai une pièce entière avec des peluches pleines les étagères. Et ce ne sont pas n'importe quelles peluches. Non, ce sont des petits ourses en peluche. Ils sont vraiment craquants ! … Ahem, mais passons. Sinon, j'aime aussi sortir, comme tous les jeunes de mon âge. J'essaye tout de même d'éviter de boire. A vrai dire, je ne tiens pas du tout à l'alcool. Un verre de champagne suffit à me rendre complètement saoule... Catastrophique, n'est-ce pas ? Je vous l'accorde. Hum, sinon... Vu que je suis très gourmande... Oui, manger fait partie de mes passes-temps préférés. Plus jeune, j'attendais qu'il n'y ait plus personne à la maison pour partir en cachette dans la cuisine et m'empiffrer de nutella. Bon, j'en mangeais avec les doigts... Pas très élégant, je sais. D'ailleurs, j'ai évolué depuis. J'utilise une cuillère désormais, c'est plutôt une bonne chose, non ? Puis, écouter de la musique... Et en jouer. Du violon plus précisément. Même si c'est ma mère qui m'a incitée à en pratiquer, j'avoue qu'il m'arrive de trouver cela plutôt agréable maintenant... Et, comme vous devez vous en douter... Le shopping. Pour une fashion victime comme moi, les boutiques, c'est sacré. Les tissus, les couleurs... Tout ce qui a un rapport avec la mode me fascine.

Une véritable petite poupée de porcelaine. C'est ce qu'on m'a bien souvent répété lors de mon enfance. Et maintenant ? Toujours une poupée de porcelaine. Mais, en taille réelle dirons-nous ? Je ne suis plus un modèle réduit aux dernières nouvelles. Donc, commençons par le plus important. Le visage. Croyez-moi ou non, mais c'est bien le petit détail physique auquel je porte le plus d'attention que ce soit chez les autres ou chez moi. Surtout les yeux, en fait. D'ailleurs, on qualifie les miens de charmeurs. Ou encore de désarmants. Bref, très expressifs. Un peu trop parfois. Car bien souvent, j'ai bien beau vouloir cacher mes émotions, tout finit par ressortir à travers mon regard. Donc, des yeux bruns, un petit nez, des pommettes légèrement rosées lorsqu'il fait trop chaud – enfin, en réalité, c'est l'excuse que j'utilise pour me justifier lorsque je me mets à rougir – puis une petite bouche aux lèvres fines et pulpeuses. En ce qui concerne les cheveux, exactement de la même couleur que mes yeux. De jolies et longues boucles brunes... Au fur et à mesure de la description, on découvre qu'il y a finalement de véritables points communs avec les poupées de porcelaine, n'est-ce pas ? Enfin, passons à l'allure générale maintenant. Comme vous devez vous en douter, en grandissant, mon corps s'est transformé. Je ne suis plus la petite fille mignonne que j'étais auparavant, je suis désormais une véritable femme, avec des formes. Juste ce qu'il faut, là où il faut.

Je suis dotée d'une personnalité très complexe. Personnalité principalement composée de trois facettes, trois Blair différentes. L'une qui se plie au modèle de l'héritière parfaite, l'autre que seuls quelques privilégiés ont l'occasion de connaître, puis la troisième qu'il ne faut surtout pas réveiller... Qui est endormie mais qui peut bien vite revenir au front. Je suis connue pour mon élégance, mes airs de princesse, mon éducation irréprochable, ma culture, mon intelligence... Du moins, en ce qui concerne les inconnus, ils ne me voient que comme la petite héritière parfaite des Livery. Mais, il y a une autre Blair, de tous les jours, qui est bien loin d'être aussi... Parfaite ? Une Blair qui aime écouter de la musique tout en dansant au bureau en buvant du café. Une Blair qui s'amuse à jouer avec des peluches comme une petite fille et qui affiche un sourire béat face à certaines choses simples de la vie. En fait, il y a différentes Blair. Qui peuvent intervenir à différents moments, dépendant tout simplement de différentes situations. Lors d'un diner en compagnie de ma mère, je me dois de me comporter en jeune femme parfaite. Et en femme d'affaire accomplie. Mais, il n'y a pas qu'en compagnie de ma mère que je peux me montrer excellente dans le domaine des affaires... D'après certains, j'ai du hériter mon sens des affaires de ma chère génitrice. Plutôt intelligente, je me fais pas facilement avoir. Mais, malheureusement, cela peut tout de même arriver puisqu'il m'arrive de me montrer de temps à autres... Innocente. Comme un enfant. On peut mettre cela sur le compte de la deuxième Blair... La Blair qui ne fait son apparition que lorsque je suis seule, ou en compagnie de mes amis. La Blair amusante, qui oublie son statut social, et qui est capable du meilleur comme du pire... Une Blair qui peut s'avérer assez dangereuse, en somme. Si je peux me montrer très habile, je peux aussi être très maladroite. Étrange, hein ? Je suis très contradictoire. Mais, c'est qu'il ne faut pas oublier qu'il y a certaines situations où je ne peux tout simplement pas me permettre de me laisser percer à jour. Il y a certaines situations où je dois agir selon le « protocole », voilà tout. Cela explique surement pourquoi cette deuxième Blair ne se montre que lorsque je me sens réellement à l'aise. La Blair romantique... Affectueuse... Drôle... Plutôt différente de la première Blair qui se montre plutôt rigide et imperturbable, n'est-ce pas ? Et enfin, en ce qui concerne la troisième Blair... Surement la plus dangereuse de toutes. Hautaine, peste, arrogante... C'est simple, il ne faut pas me provoquer. Sinon, je démarre au quart de tour. Je suis plutôt impulsive, et j'ai du mal à me contrôler. Puis, je peux être capable de bien des coups mais... Malgré tout... Je n'arrive jamais à aller bien loin. D'après certains, c'est parce que j'ai un « coeur », et un bon fond...