Mon enfance n’est qu’un vague souvenir aujourd’hui. Ce dont je me souviens surtout c’est ne pas avoir eu de père et moi, essayant de gérer mon temps entre les biberons des petits et mes devoirs. Mon père n’a jamais été là, c’est plus mon géniteur que mon père finalement. Il avait soit énormément de travail, c’est-à-dire une soirée avec sa maîtresse, soit un voyage d’affaire, soit une soirée entre copains ; bref il était débordé le pauvre homme. Pas une seconde pour sa famille composée de cinq enfants, c’est ma mère qui n’avait que d’autre choix qu’essayer de gérer, seule, cinq enfants survoltés. Étant l’ainée, j’étais évidemment désignée d'office pour l'aider le plus possible. J’allais donc la journée à l’école, m’occupais de mes petits frères et sœurs le soir et faisait mes devoirs la nuit. Mon enfance m’a été retirée à cause de la lâcheté de mon père, et la rancœur que j’éprouve pour lui ne m’a toujours pas quitté.

La situation s’est améliorée durant mon adolescence, mes petits frères et sœurs avaient grandi et ma mère n’avait plus autant besoin de moi. D’autant plus qu’à cette période je me liais d’amitié avec un groupe de personnes qui changèrent ma vie. Nous étions très soudés, toutes les bêtises, les aventures, les crises de rire, nous avons tous fait ! Dans ce groupe se trouvait ma meilleure amie Jo Harvelle, elle était comme une sœur parce qu’elle me comprenait mieux que personne, c'est avec elle que je compris le vrai sens de l'amitié et c'est sans doute la seule pour qui j'ai éprouvé un tel sentiment. Il y avait Stephen aussi évidemment, mon premier amour. Nous étions très amoureux l’un de l’autre, nous étions heureux. Il était mon meilleur ami et mon petit ami, parfois j’osais même m’imaginer mariée à lui plus tard.

Quelques jours après mes dix huit ans, nous étions sortis en discothèque. Tout comme aujourd’hui, j’avais ce goût prononcé pour la nuit et c’était souvent moi qui insistais pour sortir. Nous avions passé une très bonne soirée, comme toujours lorsque nous étions tous les trois, et traversions les bois d’un pas léger et enjoué pour rentrer chez nous. Pris dans l’euphorie du moment, nous n’avions pas remarqué que nous étions suivis, c'est complètement par hasard que je pu apercevoir furtivement deux prunelles très menaçantes et aux étranges reflets dorées. Ne voulant pas soulever un vent de panique, j’avertis mes camardes discrètement et nous accélérâmes le pas en direction de la route principale. Je nous croyais sortis d’affaire jusqu’à ce que, sortant de nulle part, un loup garou surgit pour m’attraper violemment mais sans heurt. Jo et Stephen n’avaient rien remarqué, et je ne pouvais crier ayant une énorme main poilue posée sur ma bouche. J’arrive encore à ressentir la peur qui m’avait envahi à ce moment précis, j’étais terrifiée et j’imaginais déjà mourir dans d’atroces souffrances.

Malheureusement je n’ai qu’un très vague souvenir de ce qui s’est passé ensuite. Je me rappelle avoir été trainée jusqu’à leur antre, et jetée dans un coin. Des heures, peut-être même des jours, s’étaient écoulées avant que quiconque me prête attention. Ce fut peut-être le pire moment, ne pas savoir ce qui allait advenir de moi, car tout s’enchaîna très vite ensuite. Un des loups garou avait décidé de finalement s’occuper de mon cas, je garde la longue cicatrice sur l’omoplate droite de sa tentative. Je croyais ma fin scellée, mais un autre loup garou s’interposa entre nous. Je n’ai jamais pu savoir pourquoi il avait fait ce geste et son identité m’échappe encore malheureusement. Encore une fois les circonstances m’échappent quelque peu, mais je me rappelle avoir été mise en lieu sûre, c’est-à-dire dans un avion en direction de Mexico. Tout s’est passé si indépendamment de moi, sans que je ne puisse contrôler quoi que ce soit, que j’ai encore l’impression de ne pas avoir véritablement vécu ça. C’est surtout frustrée que je suis restée, cette part d’ombre dans mon passé que je ne peux expliquer clairement me pèse beaucoup aujourd’hui. J’ai l’impression de ne plus pouvoir avancer, comme si le monde continuait de tourner avec moi au dehors. Il m’est aujourd’hui difficile de reprendre le cours de ma vie, comme si rien ne s’était produit. Cette épisode à eu en effet un très gros impact sur ma vie, aujourd’hui je me suis renfermée sur moi-même, traumatisée par l’expérience vécue. J’espère cependant que mon retour en ville, ma reprise de contact avec ma vie appréciée d’autrefois me permettra de retrouver mon chemin.

Mes désirs ne sont plus les mêmes, les différentes expériences que j’ai vécu ont sensiblement changé les choses. Ce que je veux avant tout, c’est retrouver la personne que j’étais auparavant, je voudrais tout simplement être heureuse comme autrefois. Je pense que je dois d’abord atteindre ce but avant de pouvoir envisager d’autres projets. Au-delà de ça je voudrai prendre ma vie en main en quelque sorte, m’accomplir sur le plan professionnel et personnel. Rien de bien extraordinaire, mais je sais que ça suffira à mon bonheur. J’ai aussi quelques buts personnels plus précis, comme aller en Argentine, apprendre à dessiner, ou encore à chanter, qui apporteraient la cerise sur le gâteau.

Une des mes activités favorites c’est faire la fête, tout simplement. Cette sensation enivrante où plus rien n’a d’importance, plus rien n’a de sens, cette sensation n’a pas de prix. J’aime vivre la nuit, parce que tout paraît plus simple. Pour la journée, lorsque j’ai un peu de temps libre, j’aime regarder des films ou écouter de la musique. Les émotions que la musique et le cinéma peuvent me transmettre sont magiques et si fortes. Une autre de mes passions c’est voyager, tout d’abord parce que j’ai besoin de bouger mais aussi parce que je suis très curieuse, je trouve important de découvrir de nouvelles choses. N’est-ce pas incroyable de découvrir à quelques heures d’avion une toute autre culture, une tout autre façon de penser ? D’autant plus que toutes ces découvertes m’ont permis de vivre et de voir des choses extraordinaires qui ont marqué ma mémoire et ma personnalité aussi.

Il m’est vraiment difficile d’être objective, je me suis toujours trouvée moche. J’ai tendance à qualifier mon physique de « passe partout ». Mes cheveux bruns et ondulés, avec quelques reflets couleur miel les jours ensoleillés, encadrent mon visage carré et mettent en valeur mes yeux marrons en amande qui aujourd’hui reflètent ma mélancolie. Je ne suis pas très grande, 1m60 et je suis du genre menue. Un physique donc banal, commun, pourtant il a souvent été dit que j’étais charismatique et que j’avais ce quelque chose mystérieux et envoûtant qui faisait la différence. Je n’en ai jamais joué, je ne mets pas mes « attributs » en valeur, je me maquille toujours légèrement, je préfère rester naturelle. A ce niveau là je ne peux absolument pas rivaliser avec les potiches Melrose Place. Il y a pourtant une chose sur laquelle je ne peux cracher : les vêtements, j’avoue ma faiblesse dans ce domaine.

Il fut un temps où j’étais pleine de vie, la première à rire et toujours prête à m’amuser. Mon passé fait qu’aujourd’hui je me suis renfermée, je me suis effacée au point de n’être plus que l’ombre de moi-même. Je fais le strict minimum pour survivre aux journées et aux nuits, dans l’espoir de retrouver la lumière qui m’habitait autrefois. Toujours dans cet esprit, j’ai pris le temps de développer certains aspects de ma personnalité, surtout mes défauts en fait. Je suis devenue encore plus arrogante, encore plus sarcastique, même pas par plaisir mais par nécessité. Je me suis forgée cette carapace parce que je ne trouve plus ma place dans ce monde, dans les relations avec les autres, je n’avance plus. Pourtant je sais qu’au fond de moi je suis sociable et amicale, mais bizarrement c’est comme si je ne savais plus comment l’être, comme si j’avais besoin de quelqu’un pour m’aider à me retrouver. Ce qui n’a pas changé c’est que je suis toujours très indépendante, certain me qualifie même de sauvage parce que j’ai du mal à rester au même endroit, en faisant la même chose et en suivant toutes les règles. J’ai besoin de me sentir vivante, de vivre de nouvelles expériences. Ça ne m’empêche pas d’avoir un tempérament calme, je sais prendre sur moi et on me connait comme quelqu’un de serein. Ce n’est pas pour autant que je me laisse marcher sur les pieds ! Pour mes amis, les rares qui ont réussi à pénétrer ma carapace, je suis à l’écoute et très loyale. Ils représentent beaucoup pour moi, et je serai prête à n’importe quoi pour eux. Avec les autres c’est un peu plus compliqué…je suis froide aux premiers abords, et ayant beaucoup de mal à faire confiance j’exprime peu mes sentiments. Aujourd’hui je ne suis plus celle que j’étais mais j’espère et je fais tout pour me retrouver.

Ayant survécu à mon séjour chez les loups, j'ai développé la capacité de communiquer avec eux. Un espèce de lien m'unit à eux, je retrouve certaines caractéristiques de ma personnalité dans leurs attitudes.

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